La police allemande a annoncé vendredi avoir mis la main sur un suspect lourdement armé, accusé de s'être emparé d'armes de service de policiers, à l'issue d'une chasse à l'homme dans la Forêt noire qui a mobilisé pendant six jours des centaines de membres des forces de l'ordre appuyés par des hélicoptères. Yves Rausch, 31 ans, surnommé le "Rambo de la Forêt noire" par la presse allemande, a été découvert assis dans les bois grâce à un signalement donné par deux témoins. "Avec quatre armes visibles devant lui", a déclaré Jürgen Rieger, qui a dirigé l'opération de recherches.
Le fugitif tenait également une hache sur ses genoux ainsi qu'une autre arme, et il y avait une lettre devant lui, a ajouté M. Rieger. Il a été légèrement blessé lors de son arrestation, ainsi qu'un membre des forces spéciales qui présente une coupure infligée par la hache.
Tout est parti d'un signalement
Rausch s'était enfui dans la forêt dimanche après avoir réussi à désarmer quatre officiers de police, déclenchant dans le sud-ouest de l'Allemagne cette vaste opération des forces de l'ordre munies de caméras thermiques et appuyées par des hélicoptères et des chiens policiers. Plus de 2.500 membres des forces de l'ordre avaient ratissé la zone. "Après plusieurs jours de recherches pour retrouver Yves Rausch, qui est entré dans la clandestinité dans les bois autour d'Oppenau, la police a réussi à arrêter" le trentenaire et à saisir "quatre armes à feu", a indiqué un communiqué de la police. La police avait été informée dimanche matin qu'un homme suspect avait été aperçu près d'une cabane dans la forêt près du village d'Oppenau. Les quatre policiers envoyés sur les lieux pour procéder à un contrôle ont indiqué qu'il s'était dans un premier temps montré coopératif lorsqu'ils se sont approchés. Mais "soudain et d'une manière complètement inattendue", il a menacé les policiers avec une arme, les obligeant à poser leurs armes de service avant de s'en emparer et de s'enfuir.
Un passé judiciaire chargé
La police avait auparavant prévenu qu'il pourrait aussi être armé d'un arc, de flèches et d'un couteau. Le procureur d'Oppenau, Herwig Schaefer, avait décrit mardi Yves Rausch comme un "fana des armes" ayant une "grande affinité" avec l'armement. Le suspect a un long passé judiciaire, accusé de délits comme le port illégal d'armes, vols ou attaques ayant causé des blessures. En 2010 il avait été condamné une peine de prison après avoir grièvement blessé une amie avec une arbalète. La police avait découvert du matériel pornographique pédophile sur son portable lors d'une enquête en 2019 pour possession d'explosifs.
Les enquêteurs avaient initialement déclaré qu'ils ne soupçonnaient pas des motivations d'extrême droite ou de nature politique. Mais ils ont ensuite révélé qu'il avait été condamné à une peine aménagée à l'âge de 15 ans pour incitation à la haine. Il avait modifié les lettres sur une inscription d'une organisation de jeunesse de manière à ce que l'on lise "Juden weg", c'est-à-dire "Juifs dehors".
Une mise en garde d'envergure
Selon eux, il avait fabriqué une fausse bombe et était connu pour ses propos antisémites et pour l'usage de swastikas et autres symboles nazis. Sans domicile fixe depuis l'automne 2019, il s'était installé dans la cabane où il a été repéré dimanche. Pendant la traque, les jardins d'enfants et la piscine en plein air de la localité avaient été fermés par précaution par la municipalité d'Oppenau, qui avait évoqué une "situation dangereuse". Les promenades en forêt et activités en plein air avaient été interdites et les survols aériens de la région suspendus. Rausch sera examiné par un psychiatre en raison de la "gravité du délit" et de son passé, a précisé M. Schaefer.
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