La chancelière Angela Merkel s'est efforcée vendredi de répondre à l'impatience des sinistrés des inondations dramatiques de juillet en Allemagne, promettant de nouveau des aides massives et tentant de redorer l'image de son camp conservateur, à quelques semaines de législatives indécises.
Près de deux mois après la catastrophe, la chancelière était de retour dans la commune meurtrie d'Altenahr (ouest) pour évaluer l'état d'avancement du titanesque chantier de nettoyage et de reconstruction.
A Altenahr, dans la région de Rhénanie-Palatinat, seules huit maisons restent encore habitables sur plus de 600 avant les crues meurtrières.
"J'ai été d'un côté très rassurée de constater qu'il y a une différence notable (avec ma première visite en juillet). Mais d'un autre côté, aujourd'hui, j'ai vu une fois de plus tout le travail qui nous attend et le nettoyage nécessaire", a déclaré Mme Merkel lors d'une conférence de presse.
"Nous avons le devoir d'aider de toutes les manières possibles", a-t-elle asséné, rappelant que le gouvernement actuel et les régions avaient débloqué un plan de reconstruction de 30 milliards d'euros.
"Si 30 milliards ne suffisent pas, alors le prochain gouvernement fédéral et tous les gouvernements régionaux diront qu'il faut faire quelque chose de plus, les gens n'ont pas à avoir peur de cela", a-t-elle ajouté alors que sur place, la frustration gagne devant la lenteur des aides nationales.
Ces inondations historiques des 14 et 15 juillet, intensifiées par le réchauffement climatique selon un rapport scientifique publié fin août, ont fait plus de 180 morts dans cette région et celle voisine de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Mme Merkel se rendra dans cette dernière dimanche pour un déplacement beaucoup plus politique car accompagnée du dirigeant de ce Land, le plus grand d'Allemagne, qui n'est autre que le candidat du camp conservateur aux élections du 26 septembre, et chef de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Armin Laschet.
Contrairement à la chancelière qui jouit d'une popularité record - alors qu'elle quittera la vie politique après les législatives du 26 septembre après 16 ans au pouvoir -, M. Laschet est en pleine déroute dans les sondages.
- Sauver le soldat Laschet -
Encore créditée de 34% en début d'année, l'union conservatrice CDU/CSU ne récolte plus que 20% des intentions de vote, selon un sondage publié jeudi par la chaîne ARD, contre 25% pour les sociaux-démocrates du SPD et leur candidat Olaf Scholz.
Vendredi, M. Laschet a présenté une équipe de campagne resserrée pour tenter de sortir de l'ornière et mettre en avant des personnalités susceptibles de rallier l'opinion.
Alors qu'elle est restée en retrait de la campagne jusqu'à présent, Mme Merkel s'investit davantage dans la dernière ligne droite, mettant sa popularité au service du chef de file des conservateurs, jugé peu crédible jusque dans son propre camp.
Elle avait déjà apporté le 21 août, lors d'un meeting à Berlin, un soutien ferme à M. Laschet, se disant "profondément convaincue" qu'il lui succèderait à la chancellerie.
Elle a également épinglé cette semaine le candidat social-démocrate, son actuel ministre des Finances, l'accusant de flirter avec la gauche radicale.
- Lenteur -
Son déplacement avec M. Laschet, dimanche, s'annonce comme un nouveau test pour ce dernier, auteur d'une bévue mémorable en juillet.
Des images l'avaient saisi hilare, quelques jours après la catastrophe, durant un discours empreint de gravité du président allemand Frank-Walter Steinmeier, suscitant l'indignation dans le pays et l'obligeant à présenter ses excuses.
Il avait aussi été pris à partie par des sinistrés qui se plaignaient de la lenteur des aides publiques.
Selon un récent sondage pour RTL/NTV, 80% des personnes interrogées estiment que les responsables allemands doivent faire davantage pour la protection du climat.
Mais ce constat ne profite pas aux Verts, en deuxième ou troisième position selon les sondages.
M. Laschet comme Mme Merkel devront aussi faire face aux accusations de négligences visant les autorités locales, qui ont donné lieu à l'ouverture d'une enquête judiciaire en août.
Les pouvoirs publics sont mis en cause pour le manque d'anticipation face à cet événement météorologique extrême, pour les défaillances dans le fonctionnement des systèmes d'alerte et les mesures d'évacuation.
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