Après plus de dix jours d'attente, un accord européen de répartition a autorisé le débarquement des 356 personnes secourues à bord de l'Ocean Viking, au grand soulagement de SOS Méditerranée et MSF qui commençaient à manquer de vivres.
Vers 17h30 GMT, l'opération de transfèrement, qui a pris deux heures trente, des migrants par groupe de 15 sur des vedettes militaires s'est terminée. L'Ocean Viking est reparti vers Marseille, son port d'attache.
Comme l'avait précédemment annoncé le Premier ministre maltais Joseph Muscat, le transbordement a été effectué en pleine mer, hors des eaux territoriales maltaises. Les migrants ont ensuite été débarqués sur la côte maltaise vers 21h00 GMT.
Ils seront répartis entre "la France, l'Allemagne, l'Irlande, le Luxembourg, le Portugal et la Roumanie", a précisé M. Muscat sur son compte Twitter, en soulignant qu'"aucun ne restera à Malte".
La France accueillera 150 migrants, a annoncé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, soulignant que Paris "maintient sa solidarité", trois jours après avoir décidé de recueillir 40 migrants du navire espagnol Open Arms.
"C'est une bonne nouvelle!", a salué le coordinateur des opérations de sauvetages de l'Ocean Viking, Nicholas Romaniuk, selon l'AFP.
"Great job! Bravo!", "Merci Malte", "Merci SOS", "Merci à tous". Les personnes recueillies sur l'Ocean Viking ont salué la nouvelle, par des applaudissements, des youyous et des cris de joie. "Merci mama!": ils ont aussi remercié l'équipe médicale, embrassant et soulevant l'infirmière de MSF, Mary Jo, qui a pris soin d'eux depuis leur arrivée à bord.
- "Responsabilité collective" -
Dans la matinée, MSF avait indiqué qu'il ne leur restait que "quatre jours de stocks de nourriture en comptant vendredi". Le navire, long de 69 mètres, battant pavillon norvégien, économisait aussi le carburant, se laissant dériver en journée dans le Canal de Sicile.
Le bateau, parti le 4 août de Marseille et dont c'est la première mission pour SOS Méditerranée, s'était vu refuser par Malte de se ravitailler à l'aller en eau et carburant.
L'OV était arrivée vendredi vers 16h00 (14H00 GMT) à 15 milles nautiques (environ 28 km) des côtes maltaises, se maintenant hors des eaux nationales.
Le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos a remercié La Vallette pour avoir fait preuve "de solidarité concrète" en permettant le débarquement des migrants et s'est félicité de l'accord trouvé entre les Etats européens "dans un esprit de responsabilité collective".
Cela faisait deux semaines que certaines des 356 personnes secourues par l'Ocean Viking se trouvaient à bord. Parmi elles, quatre femmes et cinq enfants de un à six ans, ainsi qu'une centaine de mineurs de moins de 18 ans, dont 80% voyagent seuls, parfois âgés de 13 ou 15 ans.
- Un autre navire, le MareJonio, a pris la mer -
La plupart de ces personnes, dont les deux tiers viennent du Soudan, ont fui la Libye pour échapper à un large éventail de mauvais traitements, de détentions arbitraires et parfois de tortures et sont arrivées en mauvaise santé, souvent à la limite de la malnutrition, selon l'équipe médicale.
L'Ocean Viking était le dernier navire humanitaire encore présent en Méditerranée pour secourir des migrants, jusqu'à jeudi, avant que le MareJonio, opéré par le collectif italien de gauche Mediterranea, prenne la mer en direction de la Libye, selon un tweet de l'ONG.
Vendredi, il a croisé la route de l'Ocean Viking.
Le MareJonio, mis sous séquestre en mai en vertu de la législation anti-migrants du ministre de l'Intérieur de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini, puis libéré en août, se dirige vers la zone de secours devant les côtes libyennes.
Le gouvernement de M. Salvini et du Mouvement 5 Etoiles est tombé mardi avec la démission du Premier ministre Giuseppe Conte et ne fait qu'expédier les affaires courantes, le temps pour le président Sergio Mattarella de former éventuellement un nouvel exécutif.
Des négociations sont en cours entre le M5S et la principale force de gauche, le Parti démocrate (PD) qui, parmi les conditions pour un accord, réclame la révocation des mesures sécuritaires (interdiction de débarquement et amendes contre les navires humanitaires déposant des migrants en Italie) adoptés sous Matteo Salvini.
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