Les autorités bélarusses ont affirmé que le Boeing avait dévié de sa trajectoire à cause d'une "alerte à la bombe". Nexta a pour sa part assuré que l'atterrissage d'urgence avait été provoqué par une "bagarre" qu'avaient déclenchée des agents des services de sécurité bélarusses présents à son bord, selon lesquels un engin explosif y avait été introduit.
Le militant d'opposition bélarusse Roman Protassevitch a vécu de longues minutes d'angoisse lorsqu'il a réalisé que le vol Ryanair dans lequel il se trouvait allait être détourné vers Minsk, où il serait arrêté peu après, ont témoigné d'autres passagers du vol.
"Il a commencé à paniquer et à dire que c'était à cause de lui", a raconté à l'AFP Monika Simkiene, une quadragénaire lituanienne lorsque le vol a enfin pu atterrir comme prévu à Vilnius, avec plusieurs heures de retard. "Il s'est juste tourné vers les gens et a dit qu'il risquait la peine de mort", a-t-elle poursuivi, notant qu'il semblait "très calme" une fois certain de son arrestation après l'arrivée à Minsk.
Il était "nerveux au début, mais ensuite il s'est rendu compte qu'il ne pouvait rien y faire, il s'est calmé et l'a accepté", a déclaré un autre passager, qui s'est présenté sous le seul nom de Mantas.
La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte s'est rendue à l'aéroport de Vilnius pour accueillir l'avion, de même que plusieurs dizaines de militants bélarusses d'opposition. Certains portaient sur les épaules des drapeaux aux couleurs de l'opposition bélarusse et d'autres des pancartes proclamant "Je suis/Nous sommes Roman Protassevitch", ou encore "Ryanair, où est Roman ?"
"Nous devons afficher notre solidarité pour éviter d'être brisés un par un", a déclaré l'un d'entre eux, Aleksandr Glachkov, 36 ans. Selon lui, l'arrestation de M. Protassevitch est un "crime".
On aurait dit que si le hublot avait été ouvert, il aurait sauté.
Le Bélarus a contraint l'avion, qui effectuait la liaison Athènes-Vilnius, à atterrir à Minsk et a interpellé M. Protassevitch, qui est sous le coup de plusieurs accusations pour son engagement dans l'opposition au président Alexandre Loukachenko. Roman Protassevitch, 26 ans, est l'ancien rédacteur en chef de l'influent média d'opposition bélarusse Nexta et réside en Pologne.
En novembre, les services de sécurité bélarusses (KGB), hérités de la période soviétique, avaient inscrit son nom et celui du fondateur de Nexta, Stepan Poutilo, sur la liste des "individus impliqués dans des activités terroristes". Nexta a joué un rôle clé dans la récente vague de contestation à la réélection en 2020 du président Loukachenko, qui occupe ces fonctions depuis 1994.
L'arrestation du militant a suscité l'indignation de pays occidentaux et de l'Otan, et l'Union européenne a agité la menace de nouvelles sanctions à l'encontre du Bélarus. Certains passagers disent avoir vu le jeune opposant vider ses sacs et confier des objets à sa compagne lorsqu'il a été certain que l'avion allait s'arrêter à Minsk.
Selon un passager français âgé de 25 ans, Arthur Six, l'opposant a "paniqué mais s'est calmé après cela". "Il ne criait pas, mais c'était visible qu'il avait très peur. On aurait dit que si le hublot avait été ouvert, il aurait sauté", a renchéri un autre passager, Edvinas Dimsa, 37 ans.
Vos commentaires