Le Royaume-Uni a appelé l'Union européenne à faire preuve de plus de "réalisme" pour la reprise mardi de difficiles négociations sur leur relation post-Brexit, affirmant par ailleurs accélérer ses préparatifs en vue d'un "no-deal".
La tension monte de nouveau entre Londres et Bruxelles à l'approche de la fin de la période de transition pendant laquelle les règles européennes s'appliquent sur le sol britannique, fin décembre, alors que les négociations visant à arriver à un accord de libre-échange restent dans l'impasse.
Alors nous disposerons de conditions commerciales similaires à celles qu'a l'Union européenne avec l'Australie
Le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier, près de quatre ans après un référendum historique marquant la fin de presque 50 ans d'appartenance à l'Union européenne. Mais il reste régi par la réglementation européenne jusqu'à fin décembre, tandis que les deux parties tentent de conclure un accord de libre-échange.
Alors que les négociations butent notamment sur la pêche et les conditions de concurrence équitable, les jours sont comptés, Bruxelles ayant évoqué la nécessité d'un accord d'ici à la fin octobre pour permettre une ratification européenne dans les temps. Dans son communiqué, le négociateur britannique a affirmé vouloir faire passer mardi un "message clair" à son homologue européen Michel Barnier: "Nous devons progresser cette semaine si nous voulons parvenir à un accord dans les temps".
Si un compromis n'est pas trouvé dans le "temps très limité qui nous est imparti, alors nous disposerons de conditions commerciales similaires à celles qu'a l'UE avec l'Australie", a indiqué Frost, avertissant que le Royaume-Uni "accélérait ses préparations" en ce sens "pour la fin de l'année".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait déjà menacé plus tôt dans la journée de claquer la porte des négociations, renforçant la crainte d'un "no deal" potentiellement destructeur pour l'économie.
"L'UE a été très claire au sujet du calendrier. Moi aussi. Il doit y avoir un accord avec nos amis européens d'ici au Conseil européen le 15 octobre pour qu'il entre en vigueur d'ici la fin de l'année", a souligné le dirigeant conservateur.
Si ce n'est pas le cas, "nous devons l'accepter et passer à autre chose", a averti M. Johnson, assurant qu'une absence d'accord serait "une bonne issue" permettant au Royaume-Uni de "prospérer" avec "la liberté de conclure des accords commerciaux avec tous les pays du monde".
Déjà orageuse, l'ambiance à la veille de la reprise des négociations s'était assombrie lorsque le Financial Times avait révélé que le gouvernement britannique comptait présenter un texte de loi mercredi revenant sur certaines parties de l'accord encadrant la sortie de l'UE le 31 janvier dernier. Ce texte vise à garantir l'absence de frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, membre de l'UE, et à éviter la résurgence de tensions dans cette région, ensanglantée par trois décennies de "Troubles".
Le gouvernement britannique a par la suite confirmé vouloir retoucher de manière "limitée" le protocole pour le "clarifier", afin de "lever toute ambiguïté" et d'éviter des "conséquences imprévues" du texte pour le processus de paix ou le marché interne britannique.
Boris Johnson insistera sur ce point mardi lors de ses discussions avec les négociateurs européens, par souci de ne pas laisser l'Irlande du Nord isolée du reste du Royaume Uni, affirme le Telegraph dans son édition de mardi.
Mais les Européens ont réagi vivement, rappelant Londres à l'ordre sur ses engagements. "Tout ce qui a été signé dans le passé doit être respecté", a martelé le négociateur européen Michel Barnier, quand la porte-parole de la diplomatie française, Agnès von der Mühll, a averti que si la "confiance" était brisée, "les négociations sur la relation future en seront affectées".
Malgré ces dissensions, les Britanniques n'ont pas abandonné l'idée de parvenir à un compromis. "J'attends avec impatience les négociations en face-à-face de cette semaine où, je l'espère, des progrès pourront être réalisés", a déclaré David Frost.
Faute d'accord, les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec leurs droits de douane élevés et leurs contrôles douaniers poussés, s'appliqueraient, causant des coûts supplémentaires pour les entreprises et risquant de perturber certains approvisionnements.
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