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Carles Puigdemont s'explique: "Je ne suis pas à Bruxelles pour demander l'asile politique"

  • Que va faire Carles Puigdemont dans les prochains jours ?

  • Réactions politiques diverses après la visite de Puigdemont à Bruxelles

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Carles Puigdemont est venu à Bruxelles, la capitale de l'Europe, afin de "mettre en évidence le problème catalan au cœur des institutions européennes et dénoncer la politisation de la justice espagnole". Il ne demande pas l'asile politique en Belgique.

Le président de Catalogne destitué, Carles Puigdemont, est en Belgique, où il a rencontré son avocat belge spécialisé dans les questions d'extradition et d'asile.

Ce mardi vers 12h50, Carles Puigdemont a tenu une conférence de presse à Bruxelles, dans le Press Club Brussels Europe, situé dans la rue Froissart.

Démis de ses fonctions avec l'ensemble de son équipe par le gouvernement espagnol, M. Puigdemont se trouve en Belgique depuis lundi alors que ses partisans l'attendaient à Barcelone pour conduire l'opposition de la "République" catalane à sa mise sous tutelle par le gouvernement espagnol.


Un discours en trois langues

L'ex-président catalan s'est d'abord exprimé en français, remerciant les responsables du Press Club. Il a précisé qu'il utiliserait le catalan, l'espagnol et le français pour parler. Trois langues qu'il maîtrise et dans lesquelles il est "sûr de ne pas faire d'erreur".

Après ses premières explications en catalan, Carles Puigdemont est passé au français: "L'agressivité de l'Etat (ndlr: espagnol), dont il y a beaucoup d'exemples: la violence contre des milliers de personnes, même des personnes âgées, qui ont exercé leur droit de voter le 1er octobre, les amendes contre des responsables institutionnels, la tolérance envers l'extrême droite… Tout ça nous a obligés, vendredi, à adopter un plan de travail. La paix a toujours été une priorité du gouvernement catalan. C'est dans cette perspective que les décisions du gouvernement catalan ont été prises".

"Nous avons été obligés d'adapter notre plan de travail pour éviter la violence" et "si cette attitude a pour prix de ralentir le déploiement de la République, alors il faut considérer que c'est un prix à payer raisonnable dans l'Europe du 21e siècle", a-t-il encore déclaré.

A Bruxelles, Carles Puigdemont a défendu quatre points:

1. "Une partie du gouvernement, avec moi-même comme président légitime, nous sommes déplacés à Bruxelles pour dénoncer la politisation de la justice espagnole et montrer le problème catalan au cœur institutionnel de l'Europe. Pour dénoncer aussi la partialité du gouvernement espagnol, et son souhait de poursuivre, non pas les délits, mais les idées. Nous voulons aussi montrer le déficit démocratique en Espagne. Nous soutenons notre droit à l'auto-détermination et au dialogue".

2. "Nous n'avons jamais abandonné le gouvernement de Catalogne. Nous allons continuer le travail, malgré les limitations que nous impose cette stratégie de la non-confrontation. On va s'opposer à partir d'une position politique, mais pas juridique. On ne va pas échapper, on ne veut pas négliger notre responsabilité face à la justice".

3. "Nous allons appuyer les différentes initiatives pour éviter l'application de l'article 155 (ndlr: qui suspend l'autonomie de la Catalogne) et qu'il soit mis en pratique pour démanteler le système institutionnel catalan".

4. "Aujourd'hui, d'ici, je pose une question à tout le monde. On va respecter le résultat des élections lancées pour le 21 décembre (ndlr: élections faisant suite à la dissolution du parlement catalan par le gouvernement espagnol), peu importe les résultats. Je vais poser une question au gouvernement espagnol: va-t-il faire de même? Est-ce qu'il va respecter le résultat des urnes? Je veux un engagement clair! Est-ce qu'il va respecter les résultat s'il y a une majorité indépendantiste en Catalogne? Moi oui, le gouvernement catalan, oui, nous le respecterons".

Je ne suis pas à Bruxelles pour demander l'asile politique

Durant la session de questions-réponses, Carles Puigdemont s'est expliqué sur sa présence à Bruxelles. "Je ne suis pas à Bruxelles pour demander l'asile politique. Je suis à Bruxelles en tant que capitale européenne, pas pour la politique belge. Je suis là pour agir en liberté et en sécurité", a-t-il dit.

Carles Puigdemont a indiqué mardi n'avoir pas eu de contacts avec des responsables politiques belges depuis son arrivée controversée sur le territoire. Interrogé par la presse, il a indiqué que ses "sympathies" avec certains courants politiques étaient connues. M. Puigdemont n'a pas cité la N-VA, parti avec lequel son parti indépendantiste entretient des liens. "Nous ne sommes pas là pour la politique belge ou pour tout mélanger." 

Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) avait affirmé au cours du week-end que Carles Puigdemont pourrait, s'il le désirait, introduire une demande d'asile en Belgique, alors qu'il risque 30 ans de prison en Espagne pour rébellion.

A ce propos, le Catalan a également affirmé qu'il ne rentrera à Barcelone que moyennant des "garanties" d'un "traitement juste et indépendant". 

Plainte pour rébellion, sédition et malversation contre Puigdemont

Le parquet général espagnol a annoncé lundi le dépôt d'une plainte pour rébellion, sédition, et malversation notamment, l'accusant d'être responsable, avec le reste de son gouvernement, de la crise institutionnelle qui a débouché sur la déclaration d'indépendance du parlement catalan le 27 octobre. Il appartient désormais à une juge d'instruction de déterminer si cette plainte est recevable.

La rébellion implique une action violente et est passible d'une peine allant jusqu'à 30 ans de prison. Pour l'instant, a souligné le chef de la diplomatie espagnole, M. Puigdemont n'est pas poursuivi et "il est libre de ses mouvements".

Il serait surprenant que l'on concède l'asile dans les circonstances actuelles

Le ministre des Affaires étrangères espagnol Alfonso Dastis et son homologue de la Justice ont ouvertement douté mardi de la viabilité d'une éventuelle demande d'asile du président catalan destitué, présent en Belgique. "Il serait surprenant que l'on concède l'asile dans les circonstances actuelles", a déclaré Alfonso Dastis à la radio Cadena Ser mardi matin.

Dans tous les cas les autorités espagnoles ne voient pas sur quelle base il pourrait demander l'asile. "Nous estimons qu'entre les Etats membres de l'Union européenne il existe un niveau de confiance réciproque sur le fait que nous sommes des Etats de droit", avait-il précisé auparavant, soulignant qu'à ce stade les autorités espagnoles n'avaient aucune information confirmée sur le sujet. "En Europe, nous avons tous des systèmes démocratiques", a argumenté aussi le ministre de la justice Rafael Catala. "Il n'a aucun argument".


La Garde civile perquisitionne le siège de la police catalane

Pendant ce temps, la Garde civile espagnole perquisitionnait ce mardi le siège de la police catalane dans le cadre d'une enquête sur le référendum d'autodétermination du 1er octobre interdit par Madrid et émaillé de violences policières, a indiqué un porte-parole.

"Nous menons une inspection relative aux communications des Mossos d'Esquadra (ndlr: police catalane) pendant la journée du référendum illégal du 1er octobre", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Guardia Civil, précisant que des perquisitions étaient simultanément menées au siège de la police catalane à Sabadell, en Catalogne, et ailleurs.



 

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