Après cinq ans de vifs débats, le Parlement européen a approuvé jeudi à Strasbourg une directive qui donne accès aux services de sécurité nationaux aux registres de passagers tenues par les compagnies aériennes. Les gouvernements des 28 Etats membres avaient qualifié ces données de source d'information importante pour lutter contre le terrorisme, les opposants à la mesure pointant les conséquences pour la vie privée et doutant de son efficacité.
La directive, approuvée par 461 voix contre 179, oblige les compagnies aériennes à transmettre les données des passagers prélevées lors des réservations ("Passenger Name Record", PNR) à une Unité d'information des passagers (PIU) que devra ériger chaque Etat membre. Les services de sécurité chargés de la lutte contre le terrorisme et les crimes graves pourront ainsi avoir accès aux concernant les noms, adresses, bagages, schémas de vol, cartes de crédit, etc.
L'obligation vaut uniquement pour les vols depuis et vers l'Union européenne, mais les Etats membres peuvent choisir d'inclure les données des vols intra-européens. Les PIU garderont les données pendant cinq ans. Après six mois cependant, les données seront masquées, anonymisées. Autre mesure pour garantir la protection des données: la désignation obligatoire d'un officier ad hoc dans chaque PIU. L'instauration d'un système PNR a demandé cinq ans de négociations entre les Etats membres et le Parlement européen. Après les attentats terroristes à Paris et Bruxelles, les gouvernements ont mis la pression sur Strasbourg pour faire passer le projet. Le conservateur britannique Timothy Kirkhope, qui a porté le dossier au Parlement, a reconnu cette semaine que les gouvernements voulaient appliquer ce système presque immédiatement. En Belgique aussi, les préparatifs ont déjà commencé. Les services de sécurité disposeront donc d'un outil supplémentaire pour anticiper les départs ou les retours de personnes ayant un profil à risque et pour débusquer les schémas de vol suspects. Les voix critiques pointent le fait que cette collecte massive de données est onéreuse et inefficace. Elles soulignent aussi que les récents attentats ont surtout montré que les services nationaux de sécurité échangent trop peu d'informations entre eux. Les données PNR ne seront elles aussi transmises par les Etats membres que sur demande.
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