La police grecque a lancé mercredi matin une opération à la frontière avec la Macédoine pour évacuer un millier de migrants qui y étaient massés depuis des jours, les autorités macédoniennes imposant un filtrage des nationalités et refusant de les laisser passer.
Quelque 400 policiers anti-émeute ont été mobilisés pour cette opération, lancée à l'aube, a précisé une source policière. Le personnel humanitaire sur place a au préalable été invité à quitter les lieux, tandis que journalistes et photographes, dont certains ont été brièvement interpellés, étaient maintenus à distance, à environ 3 km.
Les migrants, pour la plupart des Marocains et Pakistanais, ont été embarqués par les forces de l'ordre à bord de 14 autocars à destination d'Athènes, selon la même source. Les départs se faisaient dans le calme, a-t-elle précisé.
La police a par ailleurs commencé à dégager la voie ferrée des tentes que les migrants protestataires y avaient installées, pour permettre dans la journée la reprise du trafic ferroviaire, interrompu par les migrants depuis le 18 novembre dernier.
Point de départ de la route des Balkans pour les centaines de milliers de migrants venus de Turquie et ayant transité par la Grèce cette année vers l'Europe occidentale, le poste-frontière gréco-macédonien d'Idomeni a été fermé le 18 novembre par les autorités macédoniennes à ceux ne venant pas de zones de conflit, seuls les Syriens, Irakiens et Afghans étant autorisés à passer.
Après avoir dans un premier temps exclu l'usage de la force pour dégager ce passage, au profit d'une tentative de persuader les migrants de quitter les lieux volontairement, le ministre à la politique migratoire, Iannis Mouzalas, s'était engagé à intervenir, face à la grogne croissante des habitants de la région et sous pression européenne.
La frontière a été le théâtre de violences entre des milliers de déboutés tentant de forcer le passage, les réfugiés autorisés à passer et les polices des deux pays. Un Marocain y est mort électrocuté le 3 décembre, après avoir saisi des câbles à haute tension dans un apparent geste de désespoir.
Du personnel de l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, doit par ailleurs s'y déployer la semaine prochaine pour enregistrer et vérifier l'identité des candidats au passage n'ayant pas au préalable été recensés à leur arrivée en Grèce.
Selon le bureau grec du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), l'opération d'évacuation ne concernait pas les réfugiés autorisés à passer, dont plusieurs centaines ont continué mardi à entrer en Macédoine sans problèmes.
Les déboutés doivent être conduits dans trois centres d'accueil à Athènes -- deux anciennes installations olympiques à Hellenikon et au Phalère, en bord de mer, et un centre dans la banlieue industrielle d'Elaiona --, qui accueillent déjà environ 1.800 migrants, a précisé une porte-parole du HCR, Ketty Kehayioylou. Ceux le souhaitant pourront déposer des demandes d'asile, les autres étant en principe voués à être renvoyés.
Du personnel de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) était présent mardi dans un de ces centres, à Hellenikon, pour inciter ceux le souhaitant à suivre des procédures de rapatriement volontaire, selon les médias grecs.
Athènes a demandé que l'UE fasse pression auprès des pays d'origine et de transit, en particulier Pakistan et Turquie, pour qu'ils acceptent ces retours, auxquels ils rechignent.
Les partenaires européens de la Grèce, devenue la principale porte d'entrée en Europe de l'exode en cours, l'ont sommée la semaine dernière d'accélérer le tri entre réfugiés et migrants, d'améliorer la prise en charge de ceux restant dans le pays et de mieux garder ses frontières.
Vos commentaires