La police qui enquêtait sur des sympathisants d'extrême droite a découvert dans un entrepôt du nord de l'Italie un véritable arsenal de guerre, avec un missile air-air de fabrication française en parfait état de marche et un stock de fusils d'assaut "de toute dernière génération".
La police qui enquêtait sur des sympathisants d'extrême droite a découvert dans un entrepôt du nord de l'Italie un véritable arsenal de guerre, avec un missile air-air de fabrication française en parfait état de marche et un stock de fusils d'assaut "de toute dernière génération". Le raid faisait suite à une enquête dirigée par le parquet de Turin contre des personnes adeptes d'une "idéologie extrémiste" ayant combattu aux côtés des rebelles prorusses dans le Donbass, une région de l'est de l'Ukraine où une guerre oppose depuis cinq ans les troupes de Kiev à des séparatistes. "Pour le moment, aucun élément ne nous fait penser à des projets subversifs", a cependant assuré à la presse Eugenio Spina, un responsable de l'antiterrorisme italien.
La police a déjà effectué plusieurs raids ces dernières semaines dans la mouvance d'extrême droite autour de Turin, dans le nord-ouest. Le précédent, le 9 juillet, avait conduit à l'arrestation de Fabio Carlo D'Allia, accusé d'apologie du fascisme et de détention de munitions de guerre.
C'est en plaçant certains suspects sur écoute que les policiers ont entendu parler des armes, que les personnes arrêtées cherchaient vraisemblablement à leur vendre. Ils sont remontés jusqu'à un hangar à Rivanazzano Terme, dans la province de Pavie, au sud de Milan. "Pendant l'opération, un missile air-air en parfait état de marche et utilisé par l'armée du Qatar a été saisi", a expliqué la police dans un communiqué. Sur les images diffusées par cette dernière, il est rangé dans un conteneur spécial. Le missile est un modèle français Matra Super 530F, d'un poids de 245 kg et d'une longueur de 3,54 m.
Selon un expert en missiles contacté par l'AFP, il s'agit d'une modernisation du modèle R530 en service depuis 1980, d'une portée de 25 kilomètres. Mais la mise en service d'un tel missile sans avion serait "extrêmement complexe".
Au total, les policiers ont annoncé avoir retrouvé neuf fusils d'assaut, une mitraillette Scorpion, trois fusils de chasse, sept pistolets, 20 baïonnettes, 306 articles de tir (chargeurs, silencieux, lunettes, etc.), plus de 800 munitions de tous calibres, ainsi que la cabine de pilotage d'un avion de combat.
Sur les images vidéo, on distingue des fusils d'assaut (plusieurs Steyr AUG autrichiens, des AR-15 américains), des modérateurs de son (silencieux), des pistolets-mitrailleurs, ainsi que des armes de poing (pistolets et revolvers).
Le tout orné de matériel de propagande néonazie, dont une plaque bleue "Place Adolf Hitler" et des croix gammées.
Trois personnes ont été arrêtées : le propriétaire du hangar, un Suisse de 42 ans, et son associé italien de 51 ans, ainsi que Fabio Del Bergiolo, 50 ans, un ancien candidat sur les listes de Forza Nuova qui traite les immigrés de "singes, "nègres" ou "envahisseurs" dans ses conversations téléphoniques selon la police.
Le groupuscule néofasciste a diffusé un communiqué dans l'après-midi assurant n'avoir rien à voir avec cette affaire.
"C'est une saisie importante, avec peu de précédents en Italie", a déclaré à la presse le préfet de police de Turin, Giuseppe De Matteis, tout en précisant que contrairement à ce qu'avait pu laisser entendre dans un premier communiqué la police, les trois hommes arrêtés ne semblaient pas liés aux militants ayant combattu en Ukraine.
"Nous avons quelques idées sur ce que l'on peut faire avec le matériel saisi mais pour l'instant rien ne nous permet de faire des hypothèses", a-t-il ajouté.
D'après les policiers, Fabio Del Bergiolo a toutefois envoyé via la messagerie Whatsapp des photos du missile Matra dans le but de le vendre. Il espérait, selon des médias italiens, en obtenir 470.000 euros.
"C'est une affaire incroyable, très grave, qui mériterait beaucoup plus d'attention", a réagi Maurizio Martina, un responsable du Parti démocrate (PD, centre gauche).
Le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), pourtant prompt à commenter les actions de la police, a en revanche gardé le silence toute la journée.
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