Epilogue d'une longue enquête judiciaire, l'anesthésiste belge Helga Wauters attend jeudi son jugement à Pau, après son procès pour un accouchement fatal à la maternité d'Orthez qu'elle avait pratiqué en étant ivre, en septembre 2014.
Alcoolique chronique, la médecin de 51 ans risque un maximum de 3 ans de prison pour homicide involontaire, et une interdiction à vie d'exercer, pour avoir "piétiné le serment d'Hippocrate, le serment de soigner", selon les mots de la procureure au procès le 9 octobre.
Son alcoolisme ne lui a pas été reproché en soi, mais pour le ministère public, en tant que médecin elle ne pouvait ignorer la menace qu'elle représentait en entrant au bloc en état d'ébriété, ce qui l'avait conduit à une série de "négligences et imprudences".
"Sa responsabilité est pleinement assumée et intégrée", a soutenu devant le tribunal correctionnel son avocat Antoine Vey, jugeant cependant la prison inefficace.
La veille, l'anesthésiste avait admis une addiction "incompatible" avec son métier. Mais elle disait aussi être "incapable de s'exprimer" et avait annoncé vouloir garder le silence. Son mutisme a provoqué la colère des proches de la victime britannique, Xynthia Hawke, décédée à 28 ans à la maternité des suites d'un défaut d'oxygène, quatre jours après une césarienne chaotique. Son fils a survécu.
Ce soir du 26 septembre 2014, alors qu'elle était censée être sous anesthésie générale, la patiente, ventre ouvert, avait commencé à s'agiter, vomissant et hurlant "Ca fait mal! Ca fait mal", jusqu'à s'extuber. Au bloc, "c'était Bagdad", décrira une infirmière.
L'enquête a révélé que l'anesthésiste avait intubé non pas les voies respiratoires mais les voies digestives. En outre, l'anesthésiste avait utilisé un ballon d'oxygène manuel au lieu du respirateur pour ventiler sa patiente en détresse.
Devant les enquêteurs, l'anesthésiste avait reconnu avoir commencé sa journée par de la vodka mélangée à de l'eau, "comme tous les jours", pour arrêter de trembler. Mais elle minimisait sa responsabilité, se défaussant tantôt sur le matériel défectueux, à tort, tantôt sur l'équipe du bloc.
Six ans plus tard, elle s'est dite "sincèrement désolée", mais refuse de porter "seule le poids de ce drame". L'enquête avait également recherché d'autres responsabilités.
Dix jours avant les faits, Helga Wauters avait été recrutée à Orthez via une agence de placement sans vérification sur son parcours. Or en Belgique, elle venait d'être licenciée, en 2013 et 2014 pour faute grave en lien avec son addiction.
La clinique Labat qui mettait ses soignants et locaux à disposition du centre hospitalier d'Orthez, tout comme cet établissement, avaient été mis en examen, avant d'être mis en hors de cause par la cour d'appel.
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