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L'Allemagne sort le chéquier pour soutenir son économie

L'Allemagne sort le chéquier pour soutenir son économie
La chancelière allemande Angela Merkel et le ministre social-démocrate des Finances terminent une conférence de presse à Berlin, le 3 juin 2020John MACDOUGALL
 
 

Un plan de relance historique: l'Allemagne, durement affaiblie par la crise du nouveau coronavirus, a annoncé mercredi un gigantesque train de mesures de 130 milliards d'euros sur deux ans pour stimuler son économie.

Ce plan a pour ambition non seulement de soutenir l'offre, à travers la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée ou de nouvelles aides aux entreprises en difficulté, mais également la demande par des subventions aux familles ou encore une augmentation de la prime d'achat pour les voitures électriques.

Ces investissements doivent être effectués maintenant "car nous voulons rendre l'avenir possible particulièrement pour les prochaines générations", a affirmé mercredi soir Angela Merkel à l'issue de deux jours d'âpres négociations entre conservateurs et sociaux-démocrates, les partenaires de la coalition gouvernementale.

"Nous avons donc un plan de relance économique, un plan pour l'avenir et, bien sûr, en plus de cela, nous nous occupons maintenant de notre responsabilité pour l'Europe et de la dimension internationale", s'est-elle félicité.

Elle faisait ainsi allusion au projet qu'elle porte actuellement avec le président français Emmanuel Macron d'instaurer des dettes mutualisées entre pays de l'UE pour relancer l'économie européenne face au coronavirus.

Même si l'Allemagne a été jusqu'à présent moins frappée que ses voisins par la pandémie sur le plan humain, avec quelque 8.500 morts, son économie, très dépendante des exportations, a été fortement secouée.

"Nous voulons sortir avec élan de cette crise", lui a emboité le pas Olaf Scholz, le ministre social-démocrate des Finances.

- Prime aux automobiles électriques -

Ce plan de relance s'ajoute ainsi à l'énorme plan de plus de 1.000 milliards d'euros mis en place en mars, au plus fort de la pandémie, prévoyant des aides aux entreprises et des milliards d'euros de prêts garantis.

Parmi les mesures annoncées mercredi figurent, outre la baisse temporaire de la TVA de 19% à 16% jusqu'au 31 décembre 2020 (de 7% à 5% pour le taux réduit) et des transferts de dettes des communes vers l'Etat fédéral, une allocation unique de 300 euros par enfant pour les familles ou encore une baisse des coûts de l'électricité pour les particuliers, selon l'accord de 15 pages.

Le point le plus discuté a été l'instauration d'une prime à l'achat pour soutenir le secteur automobile, pratiquement à l'arrêt depuis plusieurs mois.

Les sociaux-démocrates (SPD), qui s'opposaient à toute subvention de voitures polluantes, semblent ici avoir remporté la bataille: au final, les membres de la "grande coalition" se sont prononcés contre une prime à l'achat de voitures à essence ou diesel à faibles émissions.

En revanche, la prime à l'achat d'un véhicule électrique sera doublée, passant de 3.000 à 6.000 euros.

Cete décision risque de faire grincer des dents au sein de ce secteur vital en Allemagne, dont dépendent 800.000 emplois.

Mais, contrairement à la crise de 2009 où une prime à l'achat pour tous les types de véhicules avait été mise en place, l'automobile allemande, minée par le scandale des moteurs truqués et critiquée pour son virage tardif vers l'électrique, a perdu en influence face au poids croissant des préoccupations environnementales et climatiques.

- "Assurer" les emplois -

L'accord conclu promeut en revanche l'accélération de la rénovation des bâtiments pour les années à venir: le programme encourageant notamment l'installation de systèmes de chauffage plus respectueux du climat va maintenant augmenter d'un milliard d'euros pour être porté à 2,5 milliards.

L'un des représentants de la gauche radicale die Linke, Bernd Riexinger, a cependant parlé "d'une opportunité gâchée", estimant que les mesures de soutien sociales n'étaient pas suffisantes.

Alors que l'Allemagne a vu son taux de chômage continuer à grimper en mai, à 6,3%, poussant les entreprises à solliciter le chômage partiel pour plus de 11 millions de salariés depuis mars, le gouvernement a voulu apporter à nouveau son soutien aux entreprises en difficulté. Jusqu'à 25 milliards d'euros seront ainsi débloqués pour venir en aide aux secteurs les plus sinistrés.

Mme Merkel a justifié ces aides pour soutenir les millions de travailleurs actuellement au chômage partiel: "cela montre combien l'ensemble (de l'économie) est fragile et qu'il est nécessaire de réussir à stimuler l'économie pour que les emplois soient assurés".


 

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