L'Irlande, pays très exposé en cas de Brexit sans accord, a présenté mardi un budget 2020 destiné à absorber l'impact de ce scénario redouté, avec plus de 1 milliard d'euros de dépenses pour soutenir l'activité.
"Le Brexit est le risque le plus pressant et immédiat pour notre économie" et une sortie de l'Union européenne sans accord "serait très difficile", a déclaré le ministre des Finances, Paschal Donohoe, lors d'une allocution au Parlement.
"J'annonce un ensemble de dépenses de 1,2 milliard d'euros - hors aides européennes - pour répondre au Brexit", a-t-il lancé.
"C'est un budget sans précédent (...) mais ce sont des heures sans précédent", a souligné le ministre. Il a précisé que "les perspectives pour le Brexit s'orientent à présent vers une sortie sans accord", ce qui ne veut toutefois pas dire que ce scénario est "inévitable", a-t-il souligné.
Il a notamment précisé que quelque 650 millions d'euros seraient injectés pour aider des secteurs clés, comme l'agriculture ou le tourisme, à limiter les effets négatifs d'une sortie de l'UE sans filet. Il y aura 85 millions pour les éleveurs bovins et 14 millions pour les pêcheurs.
La Banque centrale a prévenu qu'un Brexit sans accord pourrait faire disparaître environ un tiers des exploitations agricoles à cause notamment d'une potentielle hausse brutale des taxes douanières: celles sur la viande atteindraient presque 50%.
En prenant en compte les lignes budgétaires pour atténuer l'impact du Brexit, le total des dépenses du budget 2020 dépasse 2,9 milliards d'euros, a souligné le ministre.
"Nous ferons face aux défis d'un Brexit sans accord en position de force" et "nous sommes prêts", a insisté M. Donohoe.
"Cette année, nous avons éliminé nos déficits et prévoyons un surplus budgétaire de 2%" du produit intérieur brut (PIB), a-t-il souligné. En cas de no deal, "nous continuerons à faire grossir ce surplus".
- Impasse -
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a promis un Brexit "coûte que coûte" le 31 octobre, avec ou sans accord avec l'UE, et les négociations avec Bruxelles sont dans l'impasse à trois semaines de l'échéance.
Un Brexit sans accord, qui rétablirait des frontières physiques entre l'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du nord, province qui fait partie du Royaume-Uni, pourrait priver 55.000 Irlandais de travail et faire plonger le PIB du pays de 6%, selon des données gouvernementales.
Un choc colossal étant donné que l'an dernier, le pays avait enregistré une croissance spectaculaire de 8,2%. Cette année, le gouvernement table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 5,5%.
Politiquement, le retour des frontières menacerait aussi la paix avec l'Irlande du nord, après des décennies d'un conflit sanglant.
Si l'Irlande est particulièrement exposée, le Royaume-Uni devrait aussi ressentir le séisme d'un Brexit sans accord: d'après le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS), il entraînerait une explosion du déficit public et propulserait la dette à plus de 90% du PIB, pour la première fois depuis les années 1960.
Le gouvernement de Boris Johnson envisage aussi des mesures de soutien à l'activité, dont une suppression des droits de douane sur les importations pendant un an, qui pourrait s'appliquer à 88% d'entre elles, afin de limiter les hausses de prix.
Au-delà du Brexit, le deuxième axe majeur du budget 2020 présenté par M. Donohoe est la lutte contre le réchauffement climatique, présentée comme "le défi qui définira notre génération".
La taxe sur le Co2 passera de 20 euros aujourd'hui à 80 euros par tonne d'ici 2030, ce qui devrait générer 6 milliards d'euros supplémentaires.
Le ministre a par ailleurs prévu des millions d'euros d'investissements dans les transports plus verts, notamment des pistes cyclables urbaines.
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