L'Italie a saisi mardi un navire humanitaire bloqué avec 48 migrants à son bord au large de l'île de Lampedusa et son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a annoncé l'arrestation de ses membres d'équipage.
"Les douanes sont en train de procéder à la saisie du navire Mare Jonio, c'est pourquoi elles l'escortent actuellement dans le port de Lampedusa", a indiqué le ministère, précisant que "les interrogatoires des membres d'équipage pourraient avoir lieu dans les prochaines heures".
Les télévisions italiennes montraient en début de soirée des images du Mare Jonio à quai et les migrants en train d'être débarqués, à commencer par les mineurs.
Navire humanitaire battant pavillon italien, le Mare Jonio était bloqué au large de la petite île située à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie. Les autorités lui avaient d'abord interdit d'accoster.
"Parfait. Désormais il y a en Italie un gouvernement qui défend les frontières et fait respecter les lois, surtout aux trafiquants d'êtres humains", s'est félicité Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite).
Dans l'après-midi, l'homme fort du gouvernement italien avait réclamé l'arrestation de l'équipage: "Si un citoyen force un barrage de la police ou des carabiniers, il est arrêté. Je compte bien que cela se produise".
Le parquet d'Agrigente (Sicile) a ouvert mardi une enquête contre X pour aide à l'immigration clandestine.
Le Mare Jonio, affrété par le collectif de gauche et d'extrême gauche Mediterranea, a secouru lundi 49 migrants sur un canot en difficulté à 40 milles nautiques au nord de la Libye.
Une vedette des garde-côtes libyens se trouvait à proximité, mais les militants ont préféré embarquer les migrants plutôt que les voir ramenés en Libye, où beaucoup risquent de subir agressions et violences.
- Mauvaises conditions météo -
Mardi matin, le Mare Jonio s'est positionné au large de Lampedusa pour s'abriter du mauvais temps, alors que les autorités lui avaient ordonné de rester à distance. Un jeune homme de 25 ans souffrant de pneumonie a cependant pu être évacué vers le centre médical de l'île.
"En raison de conditions météo défavorables, il nous a été assigné un point d'ancrage à l'abri, à Lampedusa. Mer force 7 et vagues entre deux mètres et demi et trois mètres. Nous abriter était la priorité pour garantir la sécurité de toutes les personnes à bord", a tweeté Mediterranea en fin d'après-midi.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Salvini en juin 2018, plusieurs navires de secours -- humanitaires et militaires -- se sont retrouvés bloqués au large de l'Italie ou de Malte jusqu'à ce que d'autres pays européens acceptent une répartition des migrants secourus.
Le ministre est poursuivi pour séquestration pour avoir retardé le débarquement de dizaines de migrants secourus en août par le Diciotti, navire des garde-côtes italiens. Mais la procédure devrait être bloquée par un vote du Sénat prévu mercredi.
Lundi, M. Salvini a publié une directive annonçant que l'Italie ne laisserait pas débarquer les migrants secourus dans la vaste zone de secours dépendant de la Libye.
La directive menace aussi les ONG de sanctions. Mardi, le ministère a annoncé la création d'une commission "d'experts et de policiers" chargée d'assurer l'application du texte.
"Mais le droit maritime est clair: la Libye n'est pas un lieu sûr", a commenté Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut commissariat de l'ONU (HCR) pour la Méditerranée centrale.
Pour l'association Conseil italien pour les réfugiés, la directive laisse entendre "que les ports libyens peuvent être considérés comme sûrs et qu'il est possible de débarquer en Tunisie ou à Malte" et refuse de prendre en compte "une réalité dramatique".
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