Le gouvernement belge a annoncé vendredi son intention de saisir la justice française et la Commission européenne pour protester contre un projet français de parc éolien offshore en limite de ses eaux territoriales, accusé de nuire à des "intérêts essentiels" de la Belgique.
Ce parc de 46 éoliennes pouvant mesurer jusqu'à 300 mètres de haut doit voir le jour à l'horizon 2027, à une dizaine de kilomètres au large de Dunkerque (France).
La Belgique accuse les autorités françaises d'avoir défini cette zone de construction en 2016 sans aucune concertation, alors qu'elle est localisée à la frontière. "Une plainte sera déposée auprès de la Commission européenne car notre pays n'a pas été consulté au sujet de l'emplacement de la zone, alors que les directives européennes l'exigent", affirme dans un communiqué le ministre fédéral de la Justice et de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne. Il précise toutefois que la Belgique "continue de à travailler à une solution négociée favorable pour les deux pays".
Déplacer le parc de 5 km pourrait résoudre presque toutes les objections
Autre axe de l'offensive: le ministre annonce qu'il va saisir "avant le 10 juillet" le tribunal administratif de Lille (France) contre une décision prise le 10 mai par le consortium de construction, la société Eoliennes en Mer de Dunkerque (EMD).
Ce jour-là, poursuit le communiqué, EMD (un consortium composé notamment des géants français EDF et RTE) "a décidé de poursuivre le projet selon les plans originaux", ignorant notamment la proposition belge d'un emplacement alternatif.
Le gouvernement belge assure avoir fait part de ses objections lors de la consultation publique française menée à l'automne 2020, avant une nouvelle série de discussions "intensives" fin avril sur ce projet. "Déplacer le parc de 5 km plus (au large) en mer pourrait résoudre presque toutes les objections formulées par la Belgique", souligne M. Van Quickenborne.
Inchangé, le projet mettrait les éoliennes "dans l'espace aérien contrôlé par la Belgique", ce qui est "préoccupant" pour la sécurité du trafic au départ et à destination de la base militaire de Coxyde. Cela risque aussi de compliquer d'éventuelles opérations de sauvetage dans cette zone, fait-on valoir côté belge.
Parmi les autres "intérêts essentiels" menacés est également mis en avant "le blocage des routes maritimes historiques entre le Royaume-Uni et le port d'Ostende", où est ancrée une flotte de pêche habituée à travailler dans les eaux britanniques.
Dans le nord de la France, ce projet de parc offshore d'une capacité de 600 MW a également soulevé un mouvement d'opposition, avec des critiques ciblant la menace sur la modification des écosystèmes et des ressources marines.
Un référendum local a été réclamé par des partis politiques et des collectifs de citoyens, perspective que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a exclue en mai.
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