Certains conservateurs britanniques pourraient regretter leur intransigeance sur le Brexit, à l'image des révolutionnaires français qui ont fini sous la "guillotine", a mis en garde mardi une figure du Parlement européen.
"Il est irresponsable de la part des partisans de la ligne dure de rejeter" une coopération avec l'opposition au Royaume-Uni pour trouver un terrain d'entente sur les modalités du divorce avec l'UE, a jugé l'eurodéputé libéral Guy Verhofstadt, référent sur le Brexit, en marge d'une séance plénière à Strasbourg.
Car si les divisions britanniques devaient mener à un divorce sans accord, ce serait un "désastre pour tout le monde, particulièrement pour le Royaume-Uni", a poursuivi l'ancien Premier ministre belge devant la presse. Après que le parlement britannique a rejeté mi-janvier l'accord de divorce négocié avec l'UE, la Première ministre britannique Theresa May a souhaité engager un dialogue avec l'opposition.
Le chef des travaillistes Jeremy Corbyn lui a indiqué que son parti soutiendrait un accord de divorce sous certaines conditions, notamment que le pays reste dans une union douanière avec l'UE. "Les positions des deux dirigeants ne sont pas si éloignées", a jugé Guy Verhofstadt, ajoutant qu'il serait "surpris qu'un pays qui a fait preuve de tant de créativité politique au cours de son histoire ne soit pas en mesure de surmonter" ces différences.
L'eurodéputé a particulièrement mis en cause l'attitude des plus radicaux des Brexiters, partisans d'une rupture la plus nette possible avec l'UE. "Au sein du parti conservateur, les +hard brexiters+ sont comparés aux chefs de la Révolution française", a-t-il relevé, avec notamment l'ancien maire de Londres Boris Johnson dans le rôle de Danton et le ministre Michael Gove dans celui de Brissot.
"Mais nous devons nous rappeler que les efforts de ces hommes n'étaient pas appréciés par l'homme ordinaire qu'ils prétendaient représenter parce qu'ils ont tous fini sous la guillotine", a ironisé M. Verhofstadt. Le président du Conseil européen Donald Tusk avait provoqué une controverse au Royaume-Uni en évoquant "la place spéciale en enfer" qui serait réservée à ceux qui avaient promu le Brexit "sans même l'ébauche d'un plan".
"Aujourd'hui, pour résumer, le discours des Brexiters, c'est : Non, non, non", a lancé de son côté lundi le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, déplorant que "ces mêmes protagonistes" n'aient "pas le courage de se soumettre au suffrage du peuple".
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