Les leaders du camp du Brexit sont à la peine après leur victoire surprise et commencent déjà à rétropédaler sur leurs promesses, lancées pendant la campagne sans savoir s'ils pourraient les tenir.
Contrôle de l'immigration venue de l'UE, renflouement du service public de santé par redistribution de l'argent donné à Bruxelles : ces deux promesses phares ont largement contribué à l'adhésion des électeurs au plan de sortie de l'UE.
Le slogan "Donnons les 350 millions de livres que nous versons chaque semaine à l'UE à notre système de santé" a disparu du site de la campagne Vote Leave, menée par Boris Johnson, de même que les autres engagements.
Restent les multiples photos de leur formidable bus de campagne rouge, à bord duquel "BoJo" a sillonné le pays, barré par le slogan en grandes lettres blanches.
Dès le lendemain du scrutin, Nigel Farage, le chef du parti europhobe Ukip, reconnaissait à la télévision que cette promesse "était une erreur de la campagne du Leave".
Interrogé par la BBC, l'ex-ministre du Travail de David Cameron, Iain Duncan Smith, s'est enferré dans un raisonnement confus pour finir par dire qu'elle faisait partie "de toute une série de possibilités", déchaînant les sarcasmes.
Le site parodique en ligne News Thump annonçait: "Iain Duncan Smith dit à sa femme: +nos vœux de mariage n'étaient qu'une série de possibilités+".
Deuxième grande promesse: la réduction drastique de l'immigration venue de l'UE.
L'eurodéputé conservateur et militant du Leave, Daniel Hannan, a carrément déclaré sur la BBC qu'après le Brexit il y aurait "la libre circulation du travail".
"Nous n'avons jamais dit qu'il y aurait un déclin rapide de l'immigration", a-t-il ajouté. "Si les gens qui nous regardent pensent qu'ils ont voté pour avoir une immigration zéro de l'UE, ils vont être déçus", a-t-il ajouté. "Nous voulons juste un pouvoir de contrôle".
- 'Je suis nerveux, je suis nerveux' -
Le problème, c'est que ce pouvoir dépendra largement du résultat des négociations avec l'Union européenne.
Les "Brexiters" veulent évidemment conserver l'accès au marché unique. Mais la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu mardi que le Royaume-Uni ne pourrait pas "choisir à la carte" de garder les privilèges qu'il avait au sein de l'UE, tout en renonçant à ses obligations.
"Je suis nerveux, je suis nerveux", lançait fébrilement Nigel Farage sur Channel 4. "Je suis beaucoup plus nerveux que vendredi matin (...) je sens du rétropédalage et je trouve ça inacceptable" , a-t-il dit, interrogé sur le sentiment de trahison ambiant.
"Les Brexiters ont gagné le référendum mais il n'ont absolument aucune idée de ce qu'ils vont faire. Ils n'ont aucun plan", a assuré à l'AFP l'ex-Premier ministre écossais Alex Salmond. Il a rappelé, en guise de comparaison, que les indépendantistes écossais avaient préparé "un manifeste de 670 pages" en 2014 pour leur campagne sur le référendum de l'indépendance de l’Écosse.
Rien de tel chez les "Brexiters". Le principal intéressé et possible futur Premier ministre Boris Johnson s'est borné lundi, pour sa première intervention écrite après le vote, à des propos généraux dans le Daily Telegraph assurant de l'européanité du Royaume-Uni. Il a même évoqué une intensification de la coopération avec l'UE, sans aucune perspective concrète.
Sa conviction s'est, il est vrai, forgée tardivement. M. Johnson a reconnu sur la BBC avoir en fait préparé deux déclarations, la veille de son engagement pour le Brexit, l'une pour et l'autre contre.
Pour la secrétaire d'Etat aux PME, Anna Soubry, militante conservateur du maintien dans l'UE, interrogée sur Channel 4, l'explication est simple: "Il ne croyait pas à ce qu'il disait aux gens (...) Il n'a jamais dit qu'il voulait sortir de l'UE. Il ne s'attendait pas à gagner, et il a mené le Leave par ambition personnelle, pour devenir Premier ministre".
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