Le Premier ministre britannique Boris Johnson rencontre jeudi à Paris le président français Emmanuel Macron, lequel devrait réaffirmer la fermeté de la France face aux demandes de renégociation du Brexit.
Pour la deuxième étape de sa première tournée à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin juillet, M. Johnson sera reçu à déjeuner à l'Elysée. L'accueil risque d'y être moins conciliant pour "BoJo" que celui que lui avait réservé, la veille à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel.
Mme Merkel avait jugé possible de trouver "dans les trente prochains jours" un accord avec Londres pour éviter un divorce non négocié entre le Royaume-Uni et l'Union européenne le 31 octobre.
A l'inverse, M. Macron a affirmé mercredi que "la renégociation dans les termes proposés par les Britanniques n'est pas une option qui existe. Et cela a toujours été affirmé très clairement par le négociateur" de l'UE, Michel Barnier.
"J'attends des clarifications de Boris Johnson", a déclaré le président français, tout en souhaitant que les discussions avec Londres sur le Brexit soient "les plus amicales et confraternelles" possibles.
M. Macron a estimé qu'un "Brexit dur", sans accord au 31 octobre, "serait la responsabilité du gouvernement britannique", qui "a toujours la possibilité jusqu'à la dernière seconde de retirer l'article 50", sur lequel repose le Brexit.
La facture reste due
Plus tôt, la présidence française avait exprimé ses réserves quant aux chances d'éviter un "Brexit dur", largement redouté par le monde des affaires des deux côtés de la Manche, estimant qu'"aujourd'hui, le scénario central du Brexit est celui du no-deal".
L'Elysée avait aussi réaffirmé que même en cas d'absence d'accord, la facture de 39 milliards de livres (43 milliards d'euros) que Londres doit à l'UE dans le cadre du Brexit restera due.
Les discussions sur une sortie négociée du Royaume-Uni du bloc européen butent actuellement sur le mécanisme dit de "filet de sécurité" prévu dans l'accord conclu entre Londres et l'UE en novembre 2008, mais rejeté ensuite à plusieurs reprises par le Parlement britannique.
Cette disposition controversée est une sorte de "police d'assurance" pour l'UE. Elle vise à éviter qu'émerge à nouveau après le Brexit une frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande au sud, au risque sinon de réveiller le conflit sur l'île.
Le "filet de sécurité", ou "backstop", aurait pour conséquence de maintenir l'ensemble du Royaume-Uni dans l'Union douanière avec les pays de l'UE jusqu'à ce que les deux partenaires trouvent une solution pour définir leur future relation post-Brexit, et ce dans un délai de deux ans environ.
Boris Johnson a clairement fait savoir par courrier en début de semaine qu'il s'opposait à ce mécanisme et a appelé les pays de l'UE à rouvrir la négociation.
Pour les Européens, la priorité est de sauvegarder "l'intégrité du marché européen" et "la stabilité de l'Irlande" sur la base du "Good Friday Agreement", l'accord de paix signé en Irlande du Nord en 1998, a insisté mercredi Emmanuel Macron.
A Berlin, M. Johnson a répété qu'il ne voulait pas entendre parler du "backstop". Le Royaume-Uni "ne peut accepter" en l'état l'accord négocié entre l'UE et Londres car le mécanisme controversé gardera la Grande-Bretagne "prisonnière" du cadre légal de l'UE.
Jusqu'à présent, Boris Johnson n'a eu droit sur le sujet qu'à des rebuffades des principaux dirigeants européens, notamment de la part mardi du président du Conseil européen, Donald Tusk.
Le marathon diplomatique du chef du gouvernement britannique se terminera à Biarritz, en France, par la première participation du dirigeant conservateur à un sommet du G7, marquée en particulier par un entretien avec le président américain, Donald Trump, fervent partisan d'un Brexit sans concession.
Macron attend Boris Johnson de pied ferme et annonce la couleur sur le sujet explosif du Brexit
AFP, publié le 22 août 2019 à 06h44
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