Le jury de la cour d'assises de Bruxelles a reconnu, jeudi soir, Mehdi Nemmouche coupable de quatre assassinats commis dans un contexte terroriste pour l'attaque au Musée juif de Belgique, le 24 mai 2014. Le jury a donc suivi l'accusation et la partie civile sur toute la ligne et a rejeté la thèse d'un complot, soutenue par les avocats de l'accusé. Le Marseillais Nacer Bendrer, 30 ans, a lui été condamné comme co-auteur. Il était accusé d'avoir fourni des armes à Mehdi Nemmouche, l'auteur de l'attentat au Musée juif de Belgique.
Le jihadiste français Mehdi Nemmouche a été déclaré coupable ce jeudi des quatre assassinats à caractère "terroriste" commis le 24 mai 2014 au musée juif de Bruxelles, a annoncé la présidente de la cour d'assises qui le jugeait depuis deux mois. Dominique Demoulin, notre journaliste sur place, explique: "C'est presque certainement la prison à perpétuité avec des nouveautés dans la loi. Depuis décembre 2017, il est possible de condamner l'accusé à une période de sûreté. Une période durant laquelle il ne peut pas sortir de prison. Cette période peut s'étendre de 15 à 25 ans. Jusqu'à présent, cela n'a jamais été prononcé. Cela pourrait être une première demain."
Bendrer co-auteur et pas complice
Son co-accusé Nacer Bendrer, un délinquant marseillais qui était jugé pour lui avoir fourni les armes, a été reconnu "co-auteur" de la tuerie par les 12 jurés qui s'étaient retirés pour délibérer mardi à la mi-journée. Les deux hommes niaient les faits. A l'énoncé du verdict, Mehdi Nemmouche est resté impassible, le regard droit et fixe. Nacer Bendrer, son co-auteur, a baissé de plus en plus sa tête au fur et à mesure du verdict. Il a fini la tête entre les mains.
Il risque la prison à perpétuité
Lundi, la cour devra désormais se prononcer sur les peines. Accusé de ce quadruple assassinat commis de sang-froid en moins d'une minute et demie le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche, djihadiste français de 33 ans, encourt la réclusion à perpétuité.
Il nie les faits et affirme avoir été "piégé", sans plus d'explications, reprenant mot pour mot la thèse de ses conseils, qui a été jugée invraisemblable par les autres parties au procès.
Pour ses avocats, la tuerie n'est pas un attentat du groupe jihadiste Etat islamique (EI), au sein duquel l'accusé a combattu entre janvier 2013 et février 2014. Il s'agit, affirment-ils, d'"une exécution ciblée d'agents du Mossad" (les services secrets israéliens), dans laquelle de supposés agents des services libanais ou iraniens auraient impliqué Nemmouche à son insu.
Cette thèse d'une implication du Mossad vise les époux israéliens Miriam et Emmanuel Riva, les deux premières personnes abattues au Musée juif. Les avocats de la famille Riva ont vivement protesté qu'on présente les deux touristes comme des agents secrets, dénonçant "un scandale absolu".
"Une théorie du complot nauséabonde"
Certes, Mme Riva a travaillé pour le Mossad mais en tant que comptable. "Elle n'était pas sur le terrain opérationnel", ont souligné au procès les deux juges d'instruction, qui se sont rendues en Israël pour leur enquête.
Joint par l'AFP, Yohan Benizri, qui préside le Comité de coordination des organisations juives de Belgique, partie civile au procès, a fustigé "une théorie du complot nauséabonde".
Six jours après la tuerie, le 30 mai 2014, Nemmouche, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, avait été arrêté à Marseille (sud de la France) en possession des armes utilisées, un revolver et un fusil d'assaut de type Kalachnikov.
Entre autres effets personnels, il transportait une veste en nylon avec "des résidus de tir", et un ordinateur dans lequel les enquêteurs ont retrouvé six vidéos de revendication avec une "voix off" similaire à la sienne.
23 éléments de preuve
Au total, l'accusation a recensé "23 éléments de preuve" accablant Mehdi Nemmouche, dont la morphologie correspond aussi à celle du tireur observée sur la vidéosurveillance du musée.
"Nous sommes tous les deux convaincus au plus profond de nous-mêmes que les deux accusés ont bien commis ces actes", avait déclaré l'un des deux avocats généraux dans son réquisitoire le 26 février.
Nacer Bendrer également jugé
Dans le box depuis le 10 janvier comparaissait également Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, ex-compagnon de détention de Nemmouche, accusé de lui avoir fourni les armes de la tuerie et qui affirme être innocent.
L'enquête a montré que les deux hommes avaient eu des dizaines d'échanges téléphoniques en avril 2014, au moment où Nemmouche est censé être en pleins préparatifs.
Au procès, Nacer Bendrer a reconnu que ce dernier lui avait demandé une Kalachnikov lors de sa venue à Bruxelles début avril. Mais le Marseillais n'aurait pas donné suite. Sa défense a mis en avant l'absence de "preuve matérielle" d'une remise des armes.
"Une décision de culpabilité, c'est une peine à deux chiffres qui l'attend, une vie foutue", a plaidé son avocat Julien Blot lundi à l'adresse du jury.
Après les époux Riva, un jeune employé belge, Alexandre Strens et une bénévole française, Dominique Sabrier, avaient aussi été assassinés au Musée juif.
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