Le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker a encouragé vendredi l'Allemagne dans sa politique d'accueil des réfugiés au moment même où l'UE enregistrait de nouvelles arrivées record et à deux jours d'un mini-sommet européen qui se penchera sur l'aide à apporter aux pays des Balkans.
La chancelière Angela Merkel ne doit pas "se laisser dévier de son cap par les sondages", a déclaré M. Juncker dans un entretien au groupe de presse Funke-Mediengruppe.
En Allemagne, la vague de mécontentement grossit de plus en plus contre la politique de la main tendue aux réfugiés de Mme Merkel, jusque dans son propre camp conservateur. Dans les sondages, sa popularité s'est érodée.
L'Allemagne s'attend à recevoir en 2015 entre 800.000 et 1 million de migrants, et le pays est censé accueillir le principal contingent des 160.000 réfugiés qui doivent être répartis entre les membres de l'UE. Selon un décompte de la Commission réalisé vendredi, les Etats n'ont jusqu'à présent proposé que 854 places.
"Nous devons y arriver !": le slogan de la chancelière doit s'appliquer à toute l'Europe, martèle toutefois M. Juncker dans son interview.
Les actes d'hostilité anti-migrants se sont multipliés dans le pays de Mme Merkel, notamment contre des foyers de demandeurs d'asile. Treize personnes d'un groupe d'extrême droite ont été arrêtées jeudi dans le sud de l'Allemagne.
En Suède, pays qui table sur 190.000 demandes d'asile cette année, les autorités ont également mis en évidence le caractère raciste de la tuerie perpétrée jeudi dans une école, où les victimes ont été sélectionnées pour leur origine présumée.
- Nouvel afflux record -
Vendredi, l'Organisation internationale des migrations annonçait encore l'arrivée de 48.000 migrants et réfugiés au cours des cinq derniers jours en Grèce, soit 9.600 personnes par jour en provenance de Turquie, un nombre record.
De son côté, la Croix Rouge grecque a multiplié par quatre son appel de fonds pour venir en aide aux réfugiés.
L'un des plus petits pays de l'UE, la Slovénie, apparaît de son côté débordée alors que le flux de migrants - 50.400 personnes depuis le 17 octobre - s'est déporté sur un territoire d'un peu plus de deux millions d'habitants après la fermeture de la frontière entre la Hongrie et la Croatie.
Vendredi, 5.800 migrants sont partis vers l'Autriche, contre 10.367 la veille.
Son Premier ministre Miro Cerar a déclaré qu'il n'excluait plus la construction d'une clôture anti-migrants, mais rendrait sa décision à l'issue d'une rencontre entre hauts dirigeants européens dimanche à Bruxelles.
"Le moment n'est pas venu. Nous espérons toujours une solution européenne, mais si nous perdons espoir à ce niveau-là, si dimanche nous n'obtenons pas suffisamment, alors tout sera possible car nous aurons été laissés tout seuls", a prévenu M. Cerar.
Ljubljana demande à Bruxelles une aide de 140 millions d'euros, ainsi que des renforts en moyens de police et en logistique.
Jean-Claude Juncker a convoqué ce mini-sommet entre l'UE et les pays des Balkans qui se trouvent sur ce qui est devenu l'un des principaux itinéraires de migration vers l'Europe.
L'objectif de la rencontre est "d'améliorer la coopération, la concertation et l'action opérationnelle pour gérer la crise des réfugiés", a expliqué le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas lors d'un point presse vendredi.
"Les pays ne peuvent pas transférer leurs responsabilités à leurs voisins. Seule une approche collective européenne et transfrontalière basée sur la coopération peut fonctionner", a-t-il argué.
- Les Balkans s'organisent-
Par un jeu de fermeture de frontières, les flux se croisent dans le sud-est de l'Union et la "route des Balkans" ne cesse d'évoluer ces derniers temps, de la Hongrie à la Croatie et à la Slovénie.
Dans les Balkans occidentaux, les réfugiés sont confrontés aux intempéries de la saison, aux pluies abondantes et aux températures glaciales.
Serbie et Croatie commencent d'ailleurs à s'organiser: les ministres de l'Intérieur se sont accordés pour améliorer le transport des migrants et leur éviter de subir ces intempéries, mettant en place des trains croates au départ de Sid, en Serbie, où les migrants arrivent du sud par bus.
Un centre d'enregistrement et de transit sera mis en place pour l'hiver dans les dix prochains jours à la gare d'arrivée de Slavonski Brod, en Croatie, d'une capacité de 5.000 personnes. Les Croates tablent sur l'arrivée de quatre trains par jour, soit 6.000 personnes.
"Plus de 300.000 personnes sont passées par notre pays depuis janvier et ils ont tous des documents pour poursuivre" leur voyage, a souligné le ministre serbe Nebojsa Stefanovic.
Son pays n'est pas membre de l'UE, mais a été invité dimanche, tout comme la Macédoine et huit Etats-membres: l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie et la Slovénie.
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