Les ministres français et allemand de l'Intérieur se sont dits "fermement convaincus" que les flux de migrants arrivant en Europe "doivent être réduits", dans une lettre commune envoyée à la Commission européenne dont l'AFP a obtenu copie mardi.
"Nous rejetons très fermement toute confusion entre terroristes et migrants", affirment Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, en appelant aussi à "trouver une réponse commune à la crise des réfugiés" et plaidant pour un "renforcement substantiel" du rôle et des opérations de Frontex, l'agence européenne de coordination de la surveillance des frontières.
Confrontée à la plus importante crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Europe tente de dissuader les candidats à l'exil dans les pays d'origine ou de transit. L'Europe et la Turquie se sont ainsi accordées fin novembre sur un plan d'action pour freiner le flux de migrants, accompagné d'un financement de trois milliards d'euros, dont les modalités doivent être précisées.
L'enjeu touche à la libre circulation, soulignent les deux ministres: "Parce que nous voulons préserver Schengen, nous devons d'urgence continuer à améliorer la protection des frontières extérieures de l'Union européenne et le régime d'asile européen commun", affirment-ils dans cette lettre du 3 décembre, rendue publique alors que l'Allemagne vient d'annoncer avoir enregistré plus de 960.000 migrants depuis janvier.
Ils avertissent que, si les contrôles aux frontières extérieures ne sont pas "substantiellement améliorés", les récentes décisions sur la répartition des réfugiés en Europe "pourraient être remises en cause par nos opinions publiques".
La crise migratoire s'est doublée d'une question sécuritaire, après la découverte qu'au moins deux kamikazes des attentats de Paris avaient pu se mêler aux candidats à l'asile, en produisant de faux passeports.
"L'Union européenne doit agir rapidement et rigoureusement" pour "garantir un niveau maximal de sécurité sur son territoire", insistent les ministres.
Frontex "doit disposer d'un vivier plus important de forces opérationnelles détachées" et, "dans des circonstances exceptionnelles", devrait "pouvoir prendre l'initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d'intervention rapide aux frontières", soulignent-ils dans ce courrier au premier vice-président de la Commission Frans Timmermans et au Commissaire aux migrations Dimitris Avramopoulos.
Les gardes-frontières de Frontex devraient "avoir accès aux bases de données pertinentes" de l'UE (Eurodac, Interpol et bases de données nationales...) et son rôle "pourrait également être élargi à la possibilité de mener des opérations sur le territoire d'un pays tiers", avec l'accord de l'Etat concerné et de l'UE.
MM. Cazeneuve et de Maizière jugent aussi que "pour rendre les contrôles frontaliers plus efficaces, les bases de données pertinentes devraient être interconnectées", et ils rappellent leur souhait d'une "réforme ciblée du code frontières Schengen".
Les 28 pays de l'UE se sont déjà entendus la semaine dernière pour débloquer le "PNR" (Passenger Name Record) européen, un fichier permettant de suivre la trace des passagers aériens.
Enfin les deux ministres estiment "essentiel" que les centres d'accueil de migrants à leur arrivée en Europe "soient opérationnels dans les plus brefs délais", car leur mise en place "est trop longue".
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