(Belga) Les ministres belge et grec des Affaires étrangères, Sophie Wilmès et Níkos Déndias, ont pointé jeudi à Athènes le rôle de la Turquie dans les tensions migratoires aux frontières gréco-turques, tout en soulignant la période de désescalade actuelle.
L'objectif de cette visite en Grèce, où Mme Wilmès et le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration Sammy Mahdi ont visité le camp de migrants de Mavrovouni, sur l'île de Lesbos, "était de mieux comprendre la réalité à laquelle sont confrontés les migrants, qui vivent parfois dans ces camps pendant une longue - trop longue - période", a commenté Mme Wilmès devant la presse, en présence de son homologue grec. "J'ai prêté une attention particulière aux personnes vulnérables et spécialement aux enfants. Et c'est vrai que, malgré les efforts fournis, il y a une marge d'amélioration, et nous savons que les autorités y travaillent", a-t-elle commenté. La cheffe de la diplomatie belge a souligné que la meilleure réponse à la question migratoire était européenne, et que les 27 devaient prendre leurs responsabilités sur le projet de Pacte pour la migration et l'asile, toujours bloqué actuellement. Elle a ajouté que si ce ne devait pas se faire à travers une approche par paquet, ce pourrait être - même si ce n'est pas l'idéal - par des avancées "pas à pas". "Un paquet complet serait l'idéal, mais si nous devons travailler sur une autre dynamique, nous sommes ouverts à cela, car il faut absolument avancer", a-t-elle dit. Dans les tensions migratoires entre Athènes et Ankara, Mme Wilmès a pointé du doigt une Turquie "qui adopte parfois une attitude déstabilisatrice envers ses voisins", mais elle a souligné la récente désescalade avec la reprise du dialogue entre les deux parties. Un dialogue toutefois conditionné à l'attitude positive de la Turquie et potentiellement réversible, a-t-elle confirmé à son homologue grec. "Bien que la glace se soit brisée, il y a encore des différences très grandes, très importantes avec la Turquie", a commenté M. Dendias, en insistant sur la conditionnalité et la réversibilité. Interrogé par la presse sur les accusations de refoulements ("pushbacks") illégaux de migrants par des gardes-côtes grecs, qu'Athènes réfute, le chef de la diplomatie grecque a rappelé la particularité des îles de la mer Egée, parfois distantes de quelques centaines de mètres à peine des côtes turques. "Nous en avons de nombreux exemples : il y a des bateaux (turcs) qui poussent des embarcations de migrants vers les eaux territoriales de la Grèce", a-t-il indiqué. "Nous, nous ne mettons pas de vies en danger, on est un pays de l'UE, on accepte totalement l'acquis communautaire et on protège entièrement les droits humains. Mais ceci dit, on n'accepte pas de chantage à la migration, ni envers nous ni envers l'UE", a-t-il ajouté. La Grèce demande constamment à la Turquie de respecter les accords passés avec l'Union européenne et de mieux surveiller ses côtes pour empêcher les départs, ainsi que de reprendre les centaines de demandeurs d'asile - actuellement près de 1.500 - à qui cette protection a été refusée après examen de leur dossier. Les deux ministres s'accordent aussi sur la nécessité d'accentuer la "dimension externe" de la migration, c'est-à-dire des partenariats avec les pays d'origine et de transit des migrants, une dimension pour laquelle le rôle des ministères des Affaires étrangères des États membres de l'UE peut s'avérer crucial. Interrogé sur son évaluation du soutien de la Belgique à la Grèce dans la gestion migratoire, M. Dendias a souligné la dimension européenne du sujet. Il considère cependant que début 2020, quand le président turc Erdogan avait agité la menace de l'arrivée de "millions" de migrants en Europe en ouvrant ses frontières, "nous avons été extrêmement satisfaits d'avoir le plein soutien de la Belgique dans notre devoir européen de défendre les frontières de l'Europe. Mais on peut toujours faire plus pour la migration, et c'est vrai pour nous aussi", a-t-il ajouté. (Belga)
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