La police allemande tentait samedi d'en savoir plus sur les motivations d'un jeune homme souffrant de troubles psychiatriques qui a tué trois personnes et blessé au moins cinq autres grièvement dans une brutale attaque au couteau la veille à Wurtzbourg, dans le sud de l'Allemagne.
L'homme, présenté comme étant de nationalité somalienne et arrivé dans cette ville bavaroise en 2015, a pu être maîtrisé grâce à l'intervention de passants dont plusieurs responsables politiques ont loué le courage civique.
La police et les autorités locales ont prévu une conférence de presse à 15h00 (13h00 GMT).
Devant le choc ressenti en Allemagne, le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a souligné que l'enquête révèlerait ce qui a motivé l'agresseur. "Mais ce qui est certain, c'est que cet acte horrible est dirigé contre toute l'humanité et toutes les religions", a-t-il twitté.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a dit être "choqué" alors que l'agresseur a fait preuve "d'une extrême brutalité".
La coquette cité de 130.000 habitants s'est réveillée hébétée: des résidents venaient déposer des fleurs et des bougies sur les lieux de l'attaque, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Je suis triste et sous le choc, c'est pour cela que je suis venue ici aujourd'hui. C'est la moindre des choses que l'on puisse faire", témoignait une habitante, Franziska.
Dès vendredi soir, le ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Herrmann, a annoncé que l'attaquant présumé, âgé de 24 ans, était connu depuis plusieurs mois pour des faits de violence et des troubles psychiatriques.
Il avait même été récemment interné en établissement psychiatrique, a-t-il précisé en se rendant sur place en soirée.
Le ministre conservateur a également évoqué un témoin affirmant que l’assaillant aurait crié "Allah Akbar" (Allah est le plus grand) en perpétrant l'attaque, une formule qui toutefois n'implique pas un fanatisme religieux.
- Brutalité -
Selon les équipes de secours, le Somalien a fait preuve d'une "brutalité vraiment incroyable", a-t-il précisé.
La parquet national anti-terroriste n'avait pas été saisi à ce stade.
Néanmoins, selon Der Spiegel, l'homme présenté comme étant Abdirahman J. A. a affirmé avoir voulu mener son Jihad en commettant cette tuerie.
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est saisi de l'affaire pour dénoncer "les meurtres islamistes au couteau en plein coeur de l'Allemagne", selon un tweet de son co-président, Jörg Meuthen.
L'AfD, qui a bâti une grande partie de son discours sur le rejet de l'islam et de l'immigration, a également vu dans cette attaque "une nouvelle preuve de l'échec de la politique migratoire d'(Angela) Merkel".
Le candidat des conservateurs et possible successeur d'Angela Merkel à la chancellerie Armin Laschet a, lui, fait part de son "grand respect" à l'égard "des courageux citoyens qui sont rapidement intervenus" pour stopper l'agresseur.
- 'Citoyens courageux'-
La candidate des Verts, Annalena Baerbock, a elle aussi adressé "un grand merci" aux équipes de secours et "aux citoyens courageux" qui se sont interposés.
Joachim Herrmann a indiqué que le Somalien était installé depuis 2015 dans la ville et selon le Spiegel, cet homme originaire de Mogadiscio avait obtenu un permis de séjour.
Il vivait depuis quelque temps dans un foyer pour sans domicile fixe, selon l'agence dpa.
L'attaque a débuté en fin d'après-midi dans un grand magasin Woolworth du centre-ville.
Selon le quotidien Bild, l'homme a dérobé un couteau avant de s'attaquer au hasard à plusieurs personnes dans l'enceinte du magasin, tuant trois d'entre elles avant de continuer dans une caisse d'épargne toute proche et d'en blesser d'autres.
Des vidéos amateurs diffusées dès vendredi soir sur les réseaux sociaux montraient des scènes d'une grande violence.
L'agresseur, pieds nus et portant un masque de protection, titubait, long couteau en main, dans la rue alors que des passants tentaient de le stopper en se saisissant de chaises des terrasses de café et de bâtons. L'homme a finalement été arrêté par la police qui lui a tiré une balle dans une cuisse.
En 2016, une précédente attaque à la hache par un demandeur d'asile afghan s'était déroulée dans un train, dans cette même ville de Wurtzbourg, faisant cinq blessés. L'attaque avait été revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI).
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