De jeunes activistes de la lutte pour le climat ont brièvement bloqué lundi matin les entrées des sièges sociaux d'UBS et Credit Suisse dans le centre du Zurich pour protester contre le financement des énergies fossiles.
À l'appel d'organisations environnementales dont la Grève du climat et Extinction Rebellion, les militants qui se réunissent cette semaine pour un camp climatique à Zurich se sont assis par groupes de 30 à 40 personnes devant cinq entrées des deux plus grandes banques de Suisse. Une quarantaine de militants se sont postés vers 06H00 (04H00 GMT) devant l'entrée du siège social de Credit Suisse sur Paradelplatz, la place emblématique de la finance zurichoise où s'alignent les plus grandes banques du pays.
"Les océans montent et nous aussi", scandaient les militants réunis sous la bannière Debout pour le changement, répondant à un petit groupe assis dans un autre coin de la place devant l'entrée de sa concurrente UBS, calés derrière des vélos placés sur le pas de la porte pour barrer l'accès. Deux autres groupes bloquaient l'entrée annexe de Credit Suisse ainsi que les deux côtés d'une succursale d'UBS sur la principale artère commerçante de Zurich.
Banques et compagnies d'assurances
La semaine passée, les organisations militant pour l'environnement ont adressé une lettre à la place financière suisse épinglant le "greenwashing" et appelant à cesser "immédiatement" les nouveaux investissements, prêts et services d'assurances aux énergies fossiles. Elles visent notamment les banques, mais aussi les compagnies d'assurances, fonds de pension et gestionnaires d'actifs ainsi que la banque centrale suisse, à la tête d'un vaste portefeuille de placements.
"Nous sommes ici parce que la Suisse a une énorme responsabilité dans les émissions de CO2", a déclaré à l'AFP Alba, une étudiante zurichoise de 19 ans, mettant en cause les sommes investies "dans des projets nuisibles à l'environnement".
Pas de commentaire des banques
Vers 08H30, la police a commencé à évacuer les militants. Une trentaine de personnes ont été emmenées au poste de police pour clarification, ont indiqué les autorités locales dans un communiqué. L'opération, sans heurts, se poursuivait vers 13H00. Les deux banques n'ont pas souhaité faire de commentaire, tout en réaffirmant leurs engagements climatiques. "La protection du climat est une grande priorité d'UBS", a indiqué une porte-parole du numéro un du secteur bancaire helvétique dans un courriel à l'AFP.
Credit Suisse a de son côté mis en avant son engagement à atteindre les objectifs de l'accord de Paris, soulignant que la banque entend entre autres fournir "au moins 300 milliards de francs suisses" (278 milliards d'euros) de financements durables au cours des "dix prochaines années" pour les projets de ses clients dans leur transition vers des modèles d'affaires à faible intensité carbone.
À l'appel d'organisations environnementales, les jeunes militants se réunissent à Zurich jusqu'au 6 août pour un camp climatique sur une friche dans un ancien quartier industriel. La semaine doit s'achever par une manifestation vendredi à Berne devant le Parlement et la banque centrale, soutenue par les Verts et le Parti socialiste suisse.
Une demande à Roger Federer
En juin, le tribunal fédéral a rejeté l'appel d'une douzaine de militants écologistes qui avaient improvisé une partie de tennis dans les locaux de Credit Suisse pour demander à Roger Federer, ambassadeur de la banque, de "se réveiller", et dénoncer l'appui de la banque aux énergies fossiles. L'affaire a connu un fort retentissement car un tribunal avait dans un premier temps relaxé les prévenus, mis en cause pour violation de domicile, au bénéfice de l'"état de nécessité", estimant qu'ils avaient légitimement agi face à l'urgence climatique. Mais le tribunal fédéral avait cassé la décision, estimant que pour être considéré comme imminent, un danger doit survenir à brève échéance, au moins dans les heures suivantes, pour justifier un acte punissable.
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