La chaîne de magasins Marks and Spencer va supprimer 7.000 emplois en raison d'une baisse de fréquentation et de l'impact de la pandémie qui fait des dégâts considérables dans les commerces au Royaume-Uni et les pousse à se réinventer.
Les nouvelles économiques se suivent et se ressemblent dans le pays, avec des annonces de suppressions de postes presque chaque jour de la part d'enseignes bien connues des Britanniques.
Mardi, c'est au tour de Marks and Spencer de dévoiler un plan social et des suppressions d'emplois au cours des trois prochains mois.
Le groupe, qui emploie plus de 80.000 personnes dans le monde, explique dans un communiqué que ces réductions d'effectifs se feront surtout sur une base volontaire ou par des départs anticipés à la retraite.
Marks and Spencer entend s'adapter au changement d'habitudes des consommateurs, qui s'est accéléré avec la crise sanitaire, et mettre l'accent sur ses activités en ligne.
Les suppressions affecteront surtout les magasins au Royaume-Uni ou encore le personnel d'encadrement, précise Marks and Spencer, qui prévoit par ailleurs de créer des emplois dans la vente sur internet.
Et ses salariés seront plus flexibles et pourront passer de la branche alimentaire à l'habillement en passant par les produits pour la maison.
"En mai, nous avions annoncé que nous apprendrions de la crise pour accélérer notre transformation et devenir une société plus agile dans un monde où les habitudes de consommation ont définitivement changé", a rappelé Steve Rowe, directeur général du groupe.
Les propositions annoncées mardi veulent rendre "encore plus souples nos opérations dans nos magasins et nos structures de direction".
Pour Richard Lim, directeur du cabinet de recherche Retail Economics, cette baisse d'effectifs est "énorme" et le distributeur "cherche désespérément à se repositionner".
Marks and Spencer a dévoilé par ailleurs des chiffres d'activité en forte baisse cet été avec une chute de 10% des ventes entre début juin et début août, malgré la réouverture des magasins.
L'enseigne rencontre avant tout des difficultés dans sa branche habillement et produits pour la maison, son talon d'Achille depuis des années.
- Calme avant la tempête -
Elle estime que ces départements ont pâti de la distanciation physique et d'une baisse de fréquentation dans ses magasins de centre-ville ou dans les centres commerciaux.
En revanche, la vente en ligne dans cette branche a grimpé de 39,2%, grâce notamment à ses investissements pour augmenter ses capacités de distribution.
Les ventes dans l'alimentaire progressent quant à elles de 2,5% sur la même période.
Marks and Spencer mise désormais énormément sur son partenariat avec le distributeur alimentaire en ligne Ocado à partir de septembre. Ce sera une première pour l'enseigne qui était jusqu'à présent absente des ventes alimentaires en ligne, contrairement à nombre de ses concurrents, un des rares secteurs où l'activité a bondi depuis le confinement.
Pour le secteur du commerce, la pandémie n'a fait qu'aggraver des difficultés anciennes pour de nombreuses enseignes qui ont parfois grandi trop vite et ont été touchées de plein fouet par l'essor du numérique.
Les dégâts dans la restauration sont déjà considérables avec de multiples faillites, tandis que la vénérable chaîne de grands magasins Debenhams, qui compte 14.000 salariés, lutte pour sa survie.
L'enseigne, qui a déposé le bilan en avril et supprimé récemment des milliers de postes, vient d'annoncer avoir embauché la société Hilco pour l'aider à préparer une possible liquidation.
"La réalité c'est que de nombreux autres distributeurs ne vont pas y arriver et le nombre de suppressions d'emplois va grimper lorsque le gouvernement mettra fin à ses aides. C'est le calme avant la tempête", prévient M. Lim.
De plus en plus d'entreprises craignent de ne pas pouvoir tenir le choc avec le retrait prévu fin octobre du dispositif de chômage partiel, qui bénéficiait à 9,6 millions de salariés début août.
Certaines chaînes tentent se réinventer, à l'image des magasins haut de gamme Selfridges, qui suppriment 450 emplois et lancent un service de location de vêtements ou de prêt-à-porter de seconde main, pour se donner une image plus "environnementale".
L'enseigne John Lewis, qui va fermer des magasins avec 1.300 emplois menacés, suit la même stratégie et vient d'annoncer le lancement d'un système de prêts de meubles.
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