Gérald Darmanin a donné jusqu'au 10 janvier aux syndicats de police pour qu'ils décident ou non de participer au "Beauvau de la sécurité" que deux d'entre eux ont dit vouloir boycotter, selon un courrier du ministre envoyé jeudi aux organisations.
En pleine polémique sur les "violences policières", Emmanuel Macron avait annoncé le 8 décembre la tenue à partir de janvier d'un "Beauvau de la sécurité" afin d'"améliorer les conditions d'exercice" des forces de l'ordre et "consolider" leurs liens avec les Français.
Jusqu'à présent, les syndicats de gardiens de la paix Alliance et Unsa ont refusé de participer à cette concertation, en réaction aux propos du chef de l'Etat au média en ligne Brut dans lesquels il avait reconnu l'existence de contrôles au faciès et de violences de la part de certains policiers.
"Je vous invite à me faire part d'ici au 10 janvier prochain de votre accord pour participer à cette démarche et de vos amendements éventuels pour la méthode proposée", écrit Gérald Darmanin dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie.
"En l'état, on maintient notre refus de participer tant qu'on n'a pas les garanties demandées, notamment sur la réponse pénale, la peine minimum contre les agresseurs de policiers ou la gratuité des transports au-delà du trajet domicile-travail", a réagi à l'AFP le secrétaire général d'Alliance, Fabien Vanhemelryck.
"Il n'y a rien dans ce courrier qui nous fait dire qu'on participera au Beauvau", abonde de son côté, Thierry Clair, de l'Unsa-Police.
Le ministre y détaille la méthode de ce "Beauvau de la sécurité", dont il avait déjà présenté les grandes lignes aux syndicats de police reçus le 18 décembre.
Gérald Darmanin confirme que cette nouvelle concertation, annoncée seulement trois semaines après la remise du Livre blanc sur la sécurité intérieure, prendra le format d'un "grand débat" organisé de fin janvier à mai.
Les thèmes abordés reprendront les "sept péchés capitaux" qu'il a mentionnés devant la commission des lois de l'Assemblée nationale: la formation, l'encadrement, les moyens humains et matériels, la captation de vidéos - au centre de la controverse dans la loi Sécurité globale -, la réforme de l'IGPN - accusée de manquer d'indépendance - et le lien entre police et population, dégradé par la succession d'affaires de violences policières.
Syndicats, cadres de l'administration mais aussi des parlementaires et des maires, issus de communes rurales et urbaines, seront réunis toutes les deux semaines à Beauvau par le ministre de l'Intérieur pour assurer un suivi régulier de ces "chantiers".
Côté terrain, Gérald Darmanin prévoit de se déplacer toutes les semaines dans les commissariats et les brigades de gendarmerie, où des cahiers de doléances seront mis à disposition des agents. Des rencontres sont également prévues avec des "élus locaux", le "monde de l'entreprise" et des "citoyens".
Les conclusions de ces échanges doivent servir de base à la future loi d'orientation et de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi) prévue en 2022.
Vos commentaires