Le président du Medef a ouvert mercredi sa première "Rencontre des entrepreneurs de France" (REF) en défendant un relèvement de l'âge de départ à la retraite, remis en cause par Emmanuel Macron.
Geoffroy Roux de Bézieux est monté sur la scène de l'hippodrome de Longchamp à Paris au son de "God Save the Queen" et de son refrain "No future".
En 1977, "le mouvement punk était déjà une crise d'identité, une remise en cause violente, comme en connaît le capitalisme régulièrement", a déclaré le président de la première organisation patronale française en guise d'introduction au rassemblement qui se tient jusqu'à jeudi et dont l'édition a été justement baptisée "No(s) futur(s)".
Les remises en cause du capitalisme libéral doivent être prises au sérieux, a souligné M. Roux de Bézieux, mentionnant les critiques à la fois du président russe Vladimir Poutine et de l'écologiste Nicolas Hulot.
"Balayer d'un revers de la main" leurs propos "serait une erreur et même une faute. Car cet assaut conjugué et inattendu contre l'idée libérale est bien plus large que ce tandem contre-nature", selon le président du Medef.
Il est ensuite revenu sur les réformes du gouvernement, prenant la défense du rapport Delevoye sur les retraites, qui prévoit un âge de départ "pivot" à 64 ans.
"Les Français sont intelligents, ils ont compris que dans un système à 100% par répartition et avec le vieillissement de la population il faudra travailler plus longtemps", a-t-il affirmé, se disant "convaincu qu'ils sont prêts à faire cet effort" s'il est "justement réparti" entre "public et privé, y compris les régimes spéciaux".
Mais le seul allongement de la durée de cotisation ne suffira pas à garantir l'équilibre financier du système de retraites, sauf à aller au-delà de 43 ans de cotisation, selon le Medef.
Emmanuel Macron avait indiqué lundi sa préférence pour un départ à la retraite lié à la durée de cotisation plutôt qu'à l'âge de départ.
Tout en critiquant le bonus-malus sur les contrats courts, M. Roux de Bézieux s'est par ailleurs dit satisfait de la réforme de l'assurance-chômage.
Il a revanche dénoncé "la dépense publique et son corollaire inévitable: la dette. On peut dire que dans ce domaine, il n'y a ni ancien monde ni nouveau monde. Il y a malheureusement une tradition française bien établie."
Pour rassurer les patrons, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a promis la "stabilité" économie et fiscale pour les entreprises. "Je suis venu vous garantir ici de la visibilité et de la stabilité dans la politique économique que nous conduisons", a ajouté le locataire de Bercy, en assurant vouloir poursuivre la "politique de l'offre" menée depuis le début du quinquennat.
- Brexit et Amazonie -
A deux mois d'un Brexit probablement sans accord, trois ministres européens ont souligné qu'il y avait d'autres sujets importants pour l'avenir de la construction européenne.
"Le Brexit est une question importante" mais "nous ne devrions pas le laisser consumer toute l'énergie des discussions" au sein de l'UE, a mis en garde le vice-Premier ministre irlandais Simon Coveney.
Le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier a regretté le départ des Anglais tout en voulant construire une "Union européenne plus forte", tandis que Bruno Le Maire a jugé que "nous ne pouvons pas passer trop de temps sur l'avenir de la relation entre le Royaume Uni et l'Europe".
Invité phare sur le climat, le chef indien d'Amazonie Almir Narayamoga Surui a appelé les Européens à faire attention aux produits qu'ils achètent en provenance de cette région du monde, où une partie de la forêt primaire est actuellement la proie des flammes. "Il faut connaître l'impact des produits avant d'acheter. C'est comme ça que vous pouvez nous aider", a-t-il déclaré.
Une dizaine de ministres et secrétaires d'Etat français seront présents à la REF. Jeudi sont attendus notamment Gérald Darmanin (Comptes publics) Elisabeth Borne (Transition écologique), ainsi qu'Agnès Buzyn (santé). Nicolas Sarkozy doit également prononcer un discours sur la faiblesse des démocraties.
Vos commentaires