François Hollande s'est posé mardi en président "audacieux", lors de sa traditionnelle interview du 14 juillet, mettant en avant son rôle face à la crise grecque et à la menace terroriste, sans pour autant dévoiler ses intentions pour 2017.
"Je ne dis pas que c'est la France qui a gagné" mais elle a "occupé toute sa place", joué "tout son rôle" pour éviter une sortie d'Athènes de la zone euro, a affirmé le président de la République, au lendemain l'accord européen obtenu à l'arraché à Bruxelles.
Il a souligné à l'inverse "un moment d'interrogation" chez la chancelière allemande Angela Merkel qui, de son côté, a envisagé un "Grexit".
A l'offensive, M. Hollande a annoncé qu'il allait faire des propositions pour "un gouvernement économique européen" et l'instauration d'"un budget de la zone euro".
"L'humiliation, c'eût été de chasser" la Grèce, a-t-il aussi déclaré, alors que les conditions de son maintien dans la zone euro sont extrêmement contraignantes. Selon lui, les réformes prévues doivent permettre aux Grecs de "retrouver de la croissance".
Le chef de l’État, qui a bouclé son interview en direct sur France 2 et TF1 en trois quarts d'heure chrono, a souhaité aux journalistes David Pujadas et Claire Chazal, de connaître "des présidents aussi audacieux" que lui, insistant sur les "40 milliards de baisse de charges pour les entreprises" du pacte de responsabilité et la mise en place d'un "nouveau dialogue social", engagés depuis 2012.S
Six mois après les attentats de janvier à Paris et trois semaines après celui de Saint-Quentin-Fallavier, il a assuré que l'exécutif ne baisserait pas la garde face à la menace terroriste. "Rien ne sera relâché", "nous sommes mobilisés", a-t-il dit, soulignant que "10.000 militaires seront maintenus sur le territoire" en plus des 20.000 policiers et gendarmes.
- Sarkozy 'n'est pas sur ma table de travail' -
A propos des déclarations controversées de son Premier ministre, Manuel Valls, qui avait parlé fin juin une "guerre de civilisation" contre l'islamisme radical, M. Hollande a nuancé, soulignant "nous sommes face à des groupes qui veulent mettre en cause les civilisations, toutes les civilisations" et "les premières victimes sont musulmanes".
M. Hollande a aussi estimé que l'accord "très important" conclu sur le nucléaire iranien, au terme de 21 mois de négociations, était la preuve que "décidément le monde avance".
A 22 mois de la fin de son mandat, M. Hollande, toujours très impopulaire et sans résultats probants sur le front économique et social, a admis que même si la croissance "est là", elle est encore "trop faible" (1,2% en 2015, selon l'Insee).
Le chef de l’État a promis d'activer tous les "facteurs de croissance". Les décrets de la loi Macron, que le gouvernement veut décisive pour relancer l'économie, seront "pris pour l'été", ce qui va "libérer un certain nombre d'activités".
Sur le plan politique, à cinq mois des régionales de décembre, dernier test électoral avant la présidentielle, M. Hollande, déjà lancé dans une précampagne qui ne dit pas son nom pour 2017, s'est toutefois refusé "à annoncer quelque candidature que ce soit".
Face aux crises internationales et aux difficultés économiques, "si je pensais à l'élection présidentielle, je serais à côté du sujet", a-t-il considéré, réaffirmant qu'il entendait être jugé "sur les résultats". "S'il n'y a pas de baisse du chômage, je ne me représenterai pas", a-t-il rappelé
Quant à son challenger Nicolas Sarkozy qui multiplie les attaques contre lui, il l'a balayé d'un revers de main: "J'ai suffisamment de sujets à traiter, celui-là n'est pas sur ma table de travail".
Le président de la République a également assuré que Manuel Valls, "un bon Premier ministre qui a pris des engagements", avait vocation à "terminer le quinquennat" à ses côtés.
M. Hollande a aussi laissé la porte ouverte à un retour des écologistes au gouvernement. En prévision de la conférence climat en décembre à Paris, "ceux qui veulent apporter leur concours sont les bienvenus et je ne vais pas faire de contrôle à l'entrée", a-t-il lancé à leur adresse.
Alors que le PS a approuvé sans surprise l'intervention présidentielle, l'opposition a critiqué un exercice d'autocélébration. "Hollande en mode autosatisfaction déconnectée des réalités", a attaqué dans un tweet l'ex-ministre Nadine Morano (Les Républicains), rejointe par Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) qui a critiqué "un nouvel exercice d'autocélébration de sa politique, pourtant dénuée de tout résultat".
Dans la même veine, la présidente du FN Marine Le Pen, a critiqué le "satisfecit" de M. Hollande qui "continue à mentir aux Français", tandis que le Front de gauche a dénoncé "une politique contraire aux intérêts de la France."
Vos commentaires