Des opérations de police sont menées depuis lundi matin dans le cadre de l'assassinat vendredi de Samuel Paty, professeur de Conflans Saint-Honorine à l'ouest de Paris. Ces opérations visent "des dizaines d'individus" de la mouvance islamiste, a annoncé le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin.
Actuellement, 11 personnes sont en garde à vue dans le cadre de cette affaire, parmi elles, Abdelhakim Sefrioui. Connu des services de police, cet homme de 61 ans est le fondateur du collectif Cheikh Yassine, du nom du fondateur du Hamas, organisation palestinienne considérée comme terroriste en Europe.
Fiché pour radicalisation à caractère terroriste
Ce militant islamiste s'est fait remarquer à plusieurs reprises lui valant d'apparaître sur le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), une base de données de l'administration française regroupant des individus susceptibles de mener des actions terroristes (créée en 2015 à la suite des attentats de janvier).
Dans les années 2000, alors gérant d'une librairie à Paris, Abdelhakim Sefrioui rejoint le comité de campagne de l'humoriste Dieudonné pour l'élection présidentielle de 2007. Il est également à l'origine de plusieurs manifestations pro-palestiennes dans lesquelles il hurle sa détestation d'Israël. En 2014, le ministère de l'Intérieur français a envisagé de dissoudre son collectif pour antisémitisme selon le journal Marianne.
Se présentant comme "membre du Conseil des imams de France", il avait aussi diffusé il y a quelques jours sur YouTube une vidéo dans laquelle il dénonçait le professeur Samuel Paty, qualifié de "voyou". Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard n'a fait samedi devant la presse aucune connexion entre cet homme et le tueur. S'il n'y a "pas un lien direct" établi, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte antiterroriste Laurent Nunez considère toutefois qu'il existe "un lien indirect".
"Une fatwa contre le professeur"
Début octobre, il avait accompagné le père d'une élève au collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Saint-Honorine. Les deux hommes avaient entamé une campagne de mobilisation pour dénoncer l'initiative du professeur de montrer à sa classe les caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression, et appelé à son renvoi du collège. Interrogé lundi matin par nos confrères d'Europe 1, le ministère de l'Intérieur Gérald Darmanin estime que les deux hommes "ont manifestement lancé une fatwa contre le professeur".
Vendredi après-midi, l'enseignant d'histoire-géographie Samuel Paty, père de famille de 47 ans, a été décapité près du collège où il enseignait, dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine, dans la banlieue ouest de Paris. Son assaillant, Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d'origine tchétchène de 18 ans, a ensuite été abattu par la police.
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