Les assises de la Haute-Saône ont rendu leur verdict. Jonathann Daval, qui s'était dit prêt à "payer" pour le meurtre de sa femme Alexia, a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. L'avocate de Jonathann Daval a indiqué qu'il ne fera pas appel de sa condamnation.
Le verdict a été rendu ce samedi. Jonathann Daval, jugé depuis lundi devant le cour d'assises de la Haute-Saône à Vesoul, pour le meurtre de sa femme Alexia en 2017, a été jugé coupable. Il a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle.
A l'énoncé du verdict, rendu après environ deux heures et demie de délibéré, l'accusé est resté calme et impassible. Ce verdict est inférieur aux réquisitions de l'avocat général, qui avait réclamé dans la matinée la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de cet informaticien de 36 ans. Jonathann Daval ne fera pas appel de sa condamnation, selon son avocate. "Nous ne ferons pas appel de cette décision", a déclaré Ornella Sportafora devant la presse, précisant: Jonathann Daval "accepte également cette décision".
Avant que le cour ne se retire pour délibérer, Jonathann Daval avait demandé "pardon" à deux reprises aux parties civiles.
Jonathann Daval avait reconnu le meurtre de son épouse. Selon lui, c'est une dispute qui avait dégénéré dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017. Il avait expliqué l'avoir étranglée "pour qu'elle se taise". Pendant trois mois, son visage de veuf éploré apparaîtra dans tous les médias, contribuant à alimenter la médiatisation intense de cette affaire .
Vous allez juger l'agonie d'une femme mariée
Ce samedi, l'audience s'était ouverte avec le début des réquisitions de l'avocat général Emmanuel Dupic. "Vous allez juger un crime particulièrement épouvantable", "une affaire de crime conjugal qui est devenu en raison de la médiatisation extrêmement emblématique", a-t-il déclaré en ouverture de son réquisitoire.
"Vous allez juger l'agonie d'une femme mariée, sa seconde mort qui est la crémation, et une troisième mort, l'accusation d'une famille obligée de porter ce crime", a-t-il ajouté, en référence aux accusations portées un temps par Jonathann Daval à l'encontre de sa belle-famille. Avant l'audience, il avait salué la dignité des familles d'Alexia et de Jonathann, se félicitant aussi du fait que la justice ait réussi "à tenir ce procès dans des conditions sanitaires extrêmement difficiles".
L'avocat général requiert la réclusion à perpétuité
L'avocat général Emmanuel Dupic avait requis la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de Jonathann Daval, auteur d'un "crime presque parfait" parce que sa femme Alexia "voulait le quitter". "Je crois (...) qu'il l'a tuée parce qu'Alexia voulait le quitter, tout simplement", a déclaré M. Dupic. Le soir du drame, "elle lui a signifié (...) qu'elle allait partir et ça, ça n'est pas possible dans la construction de Jonathann Daval".
"Le coup de sang d'un homme ordinaire", plaide la défense
Ce meurtre n'était "pas prémédité, pas réfléchi, c'est ce qu'on appelle 'un coup de sang' ", a lancé d'une voix de stentor Me Randall Schwerdorffer, l'un des trois avocats de Jonathann Daval, qui a plaidé une violente dispute entre les deux époux.
Son client "est passé d'un homme gentil, aimé à un meurtrier en quelques minutes", a-t-il ajouté lors d'une plaidoirie musclée.
"Il n'y a pas préméditation: on vous ment, on vous trompe", a-t-il encore lancé, en référence aux thèses des parties civiles. "Il n'a pas été renvoyé pour assassinat", a-t-il ajouté, exhortant encore les jurés à ne pas suivre l'avocat général qui avait réclamé un peu plus tôt la réclusion criminelle à perpétuité, "peine d'élimination sociale" selon Me Schwerdorffer.
"La perpétuité c'est une peine qu'on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société: Francis Heaulmes, tueur d'enfants, Michel Fourniret, Marc Dutroux, Guy Georges... Quel est le point commun avec Jonathann Daval ? Aucun. Si, la médiatisation", a poursuivi Me Schwerdorffer, qui a arpenté la cour d'assises devant les jurés.
"Une peine à la hauteur de nos souffrances"
Ce vendredi, après un face-à-face avec la mère de la victime, cet informaticien de 36 ans s'est dit prêt à "payer". "J'ai plus d'avenir", a-t-il déclaré.
"Je ne me suis jamais projeté au niveau de la peine", a-t-il encore répondu à l'avocat général Emmanuel Dupic qui lui demandait "comment il voyait la suite" de sa vie une fois sorti de prison. "Peu importe, je dois payer pour les actes que j'ai commis", a ajouté le trentenaire lors de son interrogatoire de personnalité, avant le début des plaidoiries.
Au 4e jour du procès, Jonathann Daval avait fait des aveux. Pour la première fois, il assurait qu'il avait "donné la mort" volontairement à sa femme. "Je lui ai donné la mort, oui, quand on étrangle quelqu'un comme ça, c'est pour donner la mort", avait-il lâché dans le silence glacial du prétoire.
Les parties civiles ont demandé une "peine à la hauteur de nos souffrances". Les conseils représentant les parents de la victime, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, sa soeur et son beau-frère, Stéphanie et Grégory Gay, ainsi qu'une quinzaine d'autres membres de sa famille, se sont succédé à la barre pour évoquer cette "jeune femme blonde, pétillante, sincère et spontanée, qui croyait à la vie, à l'amour".
Mais dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, de retour d'une soirée chez ses parents, "c'est la mort, une fin terrible qui attend Alexia", a lancé Me Caty Richard.
Notre futur, il est simple, nous avons pris perpétuité
Mercredi, le père d'Alexia s'était adressé aux jurés en réclamant "la peine maximale". "J’espère tout simplement que la peine maximum soit octroyée", avait-il affirmé. "Notre futur, il est simple, nous avons pris perpétuité. Est-ce que ce sera le cas de Jonathann, c'est vous qui en déciderez", a-t-il lancé à la Cour.
De son côté, la mère d'Alexia s'est dite déçue par sa confrontation avec l'accusé. Elle avait tenté une dernière fois d'arracher les réponses aux questions qui la taraudent sur les circonstances de la mort de sa fille. Refusant de croire qu'elle ait été tuée pour "de simples mots", comme le soutient Jonathann, elle a interpellé son ancien gendre lors d'un échange d'une grande intensité émotionnelle.
"Bon séjour en prison"
"Je pense qu'Alexia voulait s'en aller, c'est pour ça que tu l'as tuée?", l'avait-t-elle interrogé d'une voix douce, presque maternelle. Tout au long de cette confrontation, Jonathann Daval a assuré que le meurtre était survenu après une dispute, qu'il n'y avait pas eu préméditation. "C'est une dispute, Isabelle, faut le croire (...) J'ai perdu pied. Tout est ressorti en moi, toutes ces années de colère, que j'ai emmagasinées, ces reproches", avait-il soutenu, maintenant sa déposition de la veille.
Désabusée, elle lui avait alors souhaité "un bon séjour en prison". "Qu'il passe le plus (de temps) en prison, c'est tout ce que je demande", avait-elle indiqué à la presse à l'issue de cette confrontation.
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