Trois corps ont été retrouvés parmi les décombres de l'appartement des terroristes assaillis par les unités spéciales du Raid, mercredi matin à Saint-Denis. Jeudi, on apprenait que Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attentats de Paris du 13 novembre, figurait parmi les victimes. Ce matin, le parquet a indiqué que le passeport de Hasna Ait Boulahcen avait été découvert sur les lieux de l'assaut. Une information qui confirme l'identité de la femme kamikaze citée dans la presse depuis deux jours. Reste à savoir qui est la 3e victime.
Trois personnes ont été tuées dans l'appartement de Saint-Denis visé par un assaut des forces de l'ordre mercredi matin, dont une femme dont l'identité doit encore être confirmée, a annoncé vendredi le parquet de Paris.
Ce corps de femme a été découvert cette nuit. Un passeport au nom d'Hasna Aitboulahcen, cousine de l'inspirateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, a par ailleurs été retrouvé sur place, a ajouté le parquet. La mort de ce jihadiste dans l'appartement avait été confirmée jeudi.
LE POINT SUR L'ENQUÊTE
Alors qu'au moins un suspect, Salah Abdeslam, est encore recherché, Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attentats revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), est mort dans l'assaut policier mené mercredi à Saint-Denis.
Le soir des attentats, il a été filmé vers 22h par une caméra RATP à Montreuil (est de Paris), à la station de métro Croix de Chavaux. Sa présence à proximité du lieu où une Seat noire, utilisée par le "commando des terrasses", a été abandonnée, interroge. Faisait-il partie de ce commando, qui a mitraillé des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris?
L'annonce de sa mort, jeudi, a soulagé autant qu'elle inquiète. Comment cet homme, jihadiste aguerri qu'on pensait en Syrie et qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international, a-t-il pu entrer et voyager en Europe pour se coordonner avec au moins huit personnes et mener les attaques du 13 novembre ?
"Nous ne savons pas" comment Abaaoud est rentré en France, a reconnu le Premier ministre Manuel Valls. "Aucune information émanant de pays européens (...) suggérant qu'il ait pu arriver en Europe" n'a été transmise à Paris, a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Ce sont des renseignements venant de pays hors de l'UE -notamment du Maroc, dont le roi Mohammed VI rencontre François Hollande vendredi- et un témoignage capital qui ont alerté les enquêteurs sur sa présence à Saint-Denis.
L'UE doit "prendre aujourd'hui les décisions qui s'imposent" dans la lutte contre le terrorisme, a estimé Bernard Cazeneuve à Bruxelles. "Si l'Europe n'assume pas ses responsabilités, alors c'est tout le système Schengen qui sera remis en cause", a insisté Manuel Valls.
La réunion des ministres européens devrait permettre à la France d'avancer sur ses priorités, affirmées par François Hollande devant le Congrès lundi: "la lutte contre le trafic d'armes", "la mise en place des contrôles coordonnés et systématiques aux frontières" de l'espace Schengen, ainsi que "l'approbation, avant la fin de l'année 2015" du PNR européen (un fichier de données sur les voyageurs aériens, ndlr).
La traque se poursuit
Parallèlement, la traque se poursuit. Les enquêteurs cherchent à confirmer l'identité d'une personne morte avec Abaaoud durant l'assaut de mercredi. Il pourrait s'agir de sa cousine, Hasna Ait Boulahcen (26 ans).
Ce vendredi matin, le parquet a indiqué qu'une troisième terroriste avait été tuée dans l'appartement.
Les enquêteurs recherchent également Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie du "commando des terrasses", sans doute exfiltré par deux complices présumés depuis inculpés en Belgique.
Quatre kamikazes, tous Français, ont déjà été identifiés: Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.
Deux autres, un au Bataclan et un au Stade de France, ne sont pas encore identifiés.
600 perquisitions
"La menace est toujours présente et va être longue et permanente", a affirmé jeudi Manuel Valls.
Jean-Marc Falcone, directeur général de la police, a lui aussi jugé vendredi sur France Info que la France n'était "pas à l'abri d'avoir sur (son) territoire d'autres équipes".
Les perquisitions administratives, opérées dans le cadre de l'état d'urgence décrété après les attentats, vont se poursuivre. Depuis une semaine, 600 perquisitions ont été réalisées et 157 personnes assignées à résidence. Vendredi matin, une perquisition a visé la mosquée Sunna de Brest, dirigée par un imam salafiste.
Le projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois, adopté jeudi à la quasi-unanimité par l'Assemblée nationale, passe devant les sénateurs vendredi. S'ils l'adoptent, la loi "pourra être promulguée avant la fin de la semaine", selon M. Valls.
Ce texte élargit le régime des assignations à résidence et permet la dissolution de groupes et associations extrémistes pouvant porter gravement atteinte à l'ordre public ou y incitant.
Sur le front extérieur, François Hollande a ordonné l'"intensification" des frappes contre l'EI en Syrie mais aussi en Irak. L'arrivée prochaine en Méditerranée orientale du porte-avions Charles-de-Gaulle triplera la capacité de frappes française.
Dans de nombreuses mosquées en France, des textes condamnant le "terrorisme" seront lus ce vendredi, jour de prêche.
Vingt-quatre actes antimusulmans ont été enregistrés depuis les attentats, selon le Conseil français du culte musulman.
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