Le corps d'Abdelhamid Abaaoud, soupçonné d'être l'organisateur des attentats du 13 novembre à Paris, a été "formellement identifié comme ayant été tué au cours de l'assaut" mené mercredi contre un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a annoncé jeudi le procureur de la République de Paris. D'après un proche de l'enquête, ce serait un renseignement marocain qui a mis les enquêteurs sur la piste d'Abaaoud.
"Il s'agit du corps découvert dans l'immeuble, criblé d'impacts", précise François Molins dans un communiqué. Le corps du jihadiste belge a été identifié "après comparaison de traces papillaires", les empreintes digitales, achevées jeudi. "On ignore par ailleurs à ce stade si Abbaoud s'est fait - ou non - exploser", a par ailleurs indiqué le parquet.L'opération de mercredi matin à Saint-Denis visait ce jihadiste belge, considéré comme l'inspirateur des attentats. Les enquêteurs surveillaient ses proches, ce qui les a conduits à Saint-Denis, selon une source policière.
"Un rôle déterminant dans les attaques du 13 novembre"
Abdelhamid Abaaoud a "joué d'évidence un rôle déterminant dans (les) attaques" du 13 novembre à Paris, a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Six attentats ont été évités ou déjoués par les services français depuis le printemps 2015, Abaaoud était impliqué dans quatre d'entre eux", a ajouté M. Cazeneuve, lors d'une déclaration à la presse, précisant que son implication avait notamment été établie dans l'attentat avorté contre une église de Villejuif en avril.
Le deuxième corps retrouvé à Saint-Denis en cours d'identification
Les enquêteurs s'attachent à identifier les restes d'une deuxième personne morte dans l'appartement de Saint-Denis. Les policiers qui sont intervenus pensent qu'il s'agit d'une femme qui a déclenché son gilet d'explosifs. Cela doit être confirmé par les analyses scientifiques. Il pourrait s'agir d'une membre de la famille d'Abdelhamid Abaaoud.
Mais comment est-il revenu en Europe?
Se pose maintenant la question de savoir comment cet homme qui faisait l'objet d'"un mandat d'arrêt européen et international", et que l'on pensait encore en Syrie, a pu rentrer en Europe, de surcroît en France. "Aucune information émanant de pays européens dans lequel il (Abdelhamid Abaaoud, ndlr) aurait pu transiter avant d'arriver en France ne nous a été communiquée", a affirmé Bernard Cazeneuve
Condamné en Belgique, il a été présenté mercredi par François Molins comme l'"inspirateur de très nombreux projets d'attentats ou attentats terroristes en Europe". Les enquêteurs français avaient été mis lundi sur la piste de sa présence à Saint-Denis grâce à un témoignage, selon François Molins. Celui-ci avait fait l'objet de "nombreuses vérifications, en particulier téléphoniques et bancaires", avait précisé le procureur. Ce n'est sans doute pas la première fois qu'Abaaoud est revenu clandestinement en Europe depuis la Syrie.
Repéré en Grèce juste avant l'opération de Verviers
Selon un proche de l'enquête, un téléphone qu'il utilisait a été repéré en Grèce en janvier, au moment des attentats déjoués de la cellule de Verviers en Belgique. Peu après, Abaaoud, alias Abou Omar al-Baljiki ("le Belge"), a donné un entretien qui accréditait un tel voyage, dans l'édition de février de Dabiq, magazine numérique en anglais de l'organisation Etat islamique.
Il y expliquait être parvenu à se rendre en Belgique avec deux autres Belges dans le but de "terroriser les croisés". Leur périple aurait pris des mois et ses deux compagnons avaient été tués le 16 janvier lors de l'assaut par les forces de sécurité belges, selon ses dires. Mais lui serait passé au travers des mailles du filet. "Mon nom et ma photo étaient dans tous les journaux et pourtant je suis parvenu à rester dans leur pays, à planifier des opérations contre eux et à partir sain et sauf quand cela est devenu nécessaire".
Il narguait les polices européennes depuis des années
Belge de 28 ans, il vivait en Syrie où il était un membre très actif de l'EI et d'où il narguait les polices européennes depuis des années. Originaire de Molenbeek, il s'y faisait appeler Abou Omar Soussi ou Abou Omar al-Baljiki ("le Belge"). L'homme avait fait la une des journaux nationaux début 2014 après avoir emmené en Syrie son petit frère Younès, 13 ans, surnommé "le plus jeune djihadiste du monde" par certains médias. Abdelhamid Abaaoud avait revendiqué début février avoir "planifié" les attentats déjoués de justesse par les forces de l'ordre à Verviers. La justice française le soupçonne également d'être impliqué dans le projet de l'attaque de l'église de Villejuif.
En juillet, il a été condamné à Bruxelles, en son absence, à 20 ans de prison dans un procès sur les filières de recrutement de djihadistes belges pour la Syrie. Un assaut a été mené mercredi matin sur un appartement au nord de Paris pour l'interpeller. Dans la soirée, le procureur de Paris a indiqué qu'il ne faisait pas partie des individus placés en garde à vue. Ce jeudi sur le coup de 13 heures, le parquet français a communiqué que son ifentification était formelle. Il est pour le moment la seule victime de l'assaut identifiée à ce stade.
Hier soir dans l'édition spéciale de RTLinfo consacrée aux assauts de Saint-Denis, Claude Moniquet, notre expert en contre-terrorisme avait déjà reçu l'information que l'une des victimes du raid était Abaaoud.
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