"Il me manque un guide": comme le week-end précédent et malgré quelques interdictions, des centaines de catholiques se sont rassemblés dimanche dans plusieurs villes de France pour demander la levée de l'interdiction des messes en public imposée par le gouvernement pendant le reconfinement.
À l'approche de la période de l'Avent qui précède Noël, ils étaient ainsi 300 fidèles à Bordeaux et Nantes, une centaine à Strasbourg, à réclamer de pouvoir assister à des offices, malgré la décision du Conseil d'Etat qui a confirmé il y a une semaine l'interdiction des cérémonies religieuses avec un large public. "La messe est indispensable à la vie chrétienne, on ne peut pas vivre pleinement sa foi sans prendre part à l'eucharistie, c'est une exigence pour notre foi. Notre seule revendication est : rendez-nous la messe", a fait valoir l'organisateur du collectif pour la messe à Nantes, Marc Billig.
"Rendez-nous la messe": aux côtés de chants liturgiques, le slogan a été entonné plusieurs fois par les manifestants nantais et strasbourgeois, qui ont également brandi des pancartes proclamant "la messe, c'est essentiel", "nous voulons la messe" ou "la messe dans nos églises et pas à la télé".
"Il me manque un guide"
S'ils ne peuvent recevoir du public, les prêtres peuvent toujours célébrer l'office et le retransmettre, par exemple, sur les réseaux sociaux. "Le gouvernement ne comprend pas que ça ne suffit pas pour un chrétien d'être chez soi et de prier chez soi", répond l'abbé Guillaume Touche, 30 ans, soutane noire et col blanc présents dans le rassemblement bordelais. "Il me manque un guide", renchérit Jacqueline, 72 ans. "On bouffe, on sort, on rentre. On ne fait que ça. On est comme des animaux."
Pour Emmanuel, un autre manifestant bordelais venu drapeau français en étendard, "on ne respecte pas la liberté" en interdisant les messes. "Les fondamentaux de la République, c'est aussi le respect des cultes de chacun", ajoute ce cinquantenaire, "on ne demande rien d'autre: le samedi on va faire nos courses et le dimanche on va à la messe."
L'abbé Guillaume Touche a, justement, usé de l'analogie avec les courses. Il y a, selon lui "autant de risques" d'être contaminé dans un supermarché qu'à la messe, où "les mesures sanitaires sont respectées". "On nous infantilise, c'est une grosse erreur", déplore-t-il.
Convocations au commissariat
Les Bordelais ont pu se réunir devant leur cathédrale, contrairement aux Strasbourgeois et aux Nantais qui, sur décision de la préfecture, ont dû migrer vers une place du centre-ville. Toujours à Nantes, un prêtre a fait entrer au compte-gouttes quelques fidèles dans l'église Saint-Nicolas pour leur donner l'eucharistie, a constaté un correspondant de l'AFP. Les organisateurs du rassemblement de Bordeaux, malgré leurs appels, n'ont pu empêcher des fidèles de s'agenouiller pour prier et sont donc convoqués lundi matin au commissariat, la prière sur voie publique n'étant pas autorisée.
Ce sont aussi des prières de rue, constatées vendredi soir devant l'église Saint-Sulpice à Paris (VIe arrondissement), qui ont poussé la préfecture de police (PP) à interdire un rassemblement prévu dimanche soir au même endroit. La PP a également justifié sa décision par le non-respect de "la distanciation sociale et (des) gestes barrières".
Dès vendredi soir, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait prévenu qu'il n'hésiterait pas à "envoyer les policiers et gendarmes verbaliser", en cas "d'actes répétés", les catholiques qui manifesteraient. M. Darmanin doit recevoir lundi matin "pour la seconde fois les représentants des principaux cultes" afin d'évoquer "les conditions dans lesquelles pourraient se tenir à nouveau des cérémonies dans les lieux de culte en fonction de l'évolution de la situation sanitaire".
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