Plus de 7.000 pompiers professionnels "en colère" venus des quatre coins de France ont manifesté mardi après-midi à Paris pour réclamer plus d'effectifs et de reconnaissance au gouvernement, qui a annoncé des réunions sur le sujet en novembre.
En train ou en car, des "soldats du feu" ont afflué à la mi-journée, la plupart dans leur manteau bleu marine à bandes fluorescentes, pour défiler entre les places de la République et de la Nation à l'appel des neuf syndicats de la profession.
Ces derniers ont salué le "succès" de cette "forte mobilisation", qui a selon eux réuni entre 7.000 et 10.000 personnes. La préfecture de police de Paris a elle dénombré 7.400 participants.
Entre sifflets, fumigènes et sirènes, la manifestation a été joyeuse et bon enfant jusqu'à l'arrivée place de la Nation, où quelques échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre lorsque des pompiers ont voulu continuer vers le périphérique parisien. Les CRS les ont repoussés à coups de gaz lacrymogène et de canon à eau.
Certains pompiers sont parvenus à descendre sur le périphérique à hauteur de la Porte de Vincennes, où ils ont brièvement perturbé la circulation. Plusieurs dizaines d'autres se sont également rassemblés devant l'Assemblée nationale, où ils ont été dispersés en fin de journée après plusieurs heures de face-à-face tendu avec les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.
Selon le ministère de l'Intérieur, des "incidents isolés" ont "fait 3 blessés parmi les policiers et ont donné lieu à 6 interpellations".
Les pompiers professionnels, qui représentent 16% des 247.000 pompiers en France, jouent un rôle important pour l'encadrement et la formation dans les casernes, où 80% des effectifs sont des volontaires qui exercent leur mission de pompier en plus de leur activité professionnelle.
Cette manifestation s'inscrit dans un mouvement de grève entamé en juin, très suivi selon les syndicats même s'il n'a pas entraîné de perturbations majeures, les pompiers étant astreints à un service minimum.
Les syndicats dénoncent notamment le manque d'effectifs et de moyens face à l'augmentation constante du nombre d'interventions, notamment pour des missions d'assistance médico-sociale (carences ambulancières, assistance de personnes âgées...) qui ont explosé ces dernières années alors qu'elles ne font initialement pas partie de leur cœur de métier, l'urgence.
- "On ne va plus y arriver" -
"Il y a une baisse des effectifs préoccupante alors qu'on est débordés par le nombre d'interventions. On nous demande tout, y compris de remplacer des ambulances. À un moment donné, on ne va plus y arriver", a expliqué à l'AFP Mathias Gosse, 53 ans, pompier à Grasse (Alpes-Maritimes).
"Faire plus avec moins, bienvenue chez les pompiers" ou "Stop au mépris du politique", pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les manifestants.
Les syndicats réclament également des garanties de maintien de leur retraite, une revalorisation de la prime de feu à hauteur des primes de risques accordées aux policiers et gendarmes, ainsi qu'une meilleure protection face aux agressions dont le nombre augmente chaque année.
"La population ne se rend pas toujours compte de nos difficultés. La baisse des effectifs fait qu'il y a moins de formations, de compétences. Mais on n'a aucune réponse, le ministère de l'Intérieur et les collectivités locales (qui financent les casernes et payent les pompiers, ndlr) se renvoient la balle", a déploré Nathalie Kaszubiak, secrétaire générale du syndicat FO des personnels administratifs des SDIS (Services départementaux d'incendie et de secours).
Après avoir reçu les syndicats de pompiers dans l'après-midi, le ministère de l'Intérieur a annoncé deux réunions en novembre, l'une le 6 sur les retraites et l'autre le 14 avec les collectivités locales qui financent (départements, communes), "pour évoquer l'ensemble des revendications des sapeurs-pompiers".
"Maintenant il faut avancer, en novembre il faudra des réponses à nos revendications, du gouvernement comme de la part de ceux qui nous financent", a déclaré à l'AFP Yannick Tenesi, secrétaire général du syndicat SNSPP-PATS.
Lors de la manifestation, les pompiers ont reçu le renfort d'infirmiers et infirmières, de médecins hospitaliers et d'employés du Samu, qui dénoncent eux aussi les manques d'effectifs dans leurs services "débordés". Des "gilets jaunes" ont également fraternisé avec des pompiers, entonnant notamment leur habituel refrain "On est là" avant le départ de la place de la République.
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