Une cinquantaine de personnes prostituées venues de plusieurs pays européens se sont réunies mardi après-midi devant l'église Saint-Nizier à Lyon pour défendre leurs droits, 40 ans après l'emblématique occupation de cette église, a constaté une journaliste de l'AFP.
Sous un soleil de plomb, elles ont scandé en plusieurs langues (espagnol, anglais, allemand) des slogans comme "ni victimes ni coupables, on veut des putains de droits", ou encore "clients pénalisés, putes assassinées" en référence à un projet de loi socialiste qui prévoit de pénaliser le client.
Christian Delorme, le "curé des Minguettes" à l'origine de la Marche pour l'Egalité et contre le Racisme en 1983, a tenu à être là. En 1975, alors étudiant, il s'était fait l'avocat du mouvement des prostituées. Pour lui, cette occupation a représenté "une page dans l'histoire des luttes", qui "est connue dans le monde entier".
Le 2 juin 1975, une centaine de prostituées, emmenées par Ulla et Barbara, avaient occupé l'église Saint-Nizier pendant une semaine pour protester contre la répression policière. Cet événement au fort retentissement médiatique avait marqué un tournant dans l'organisation "des travailleuses du sexe".
Mais "la réalité des prostitué(e)s n'a pas beaucoup changé" depuis, avec toujours une forte répression policière et aujourd'hui en plus "de nombreux réseaux d'exploitation", a expliqué Christian Delorme à la presse. Selon lui, aucune des femmes de 1975 n'était présente mardi.
Lucas, "escort" depuis dix ans et coordinateur d'un réseau européen de travailleurs du sexe, l'a confirmé : "en quarante ans, la situation n'a pas changé, elle s'est même dégradée. Les travailleurs du sexe sont de plus en plus vulnérables. Pénaliser les clients ne ferait que les stigmatiser davantage et les mettre encore plus en marge de la société".
Une proposition de loi socialiste propose d'abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy en 2003 et d'instaurer en contrepartie la pénalisation des clients. Lors de son passage fin mars au Sénat (majoritairement à droite), les parlementaires ont supprimé la pénalisation du client pour rétablir le délit de racolage.
Le projet de loi doit être examené en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 12 juin.
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