En France, des membres de la communauté Roms ont été victimes d'une chasse à l'homme en banlieue parisienne. Des rumeurs sur internet indiquaient qu'ils enlevaient des enfants dans la région pour la prostitution et le don d'organes. Des groupes se sont formés pour les attaquer. 12 personnes ont été arrêtées.
"Ils avaient des cocktails Molotov et nous jetaient des cailloux. Ils voulaient nous tuer." Dans le bidonville rom de Bobigny pris pour cible lundi soir après des rumeurs d'enlèvements, les habitants ne dorment plus et vivent dans la terreur.
A l'entrée du campement, Georgi, la soixantaine, regarde dans le vide, les bras ballants. En russe, il raconte la soirée de lundi, les hommes, "nombreux", venus avec des bouteilles remplies d'essence. "Ils nous accusent de voler des enfants", souffle ce gaillard, les yeux soudain gonflés de larmes. "Depuis, on a peur tout le temps. On ne dort plus, on monte la garde", raconte Georghe Marcus, un des 150 Roms venus de Roumanie, de Serbie ou de Moldavie qui vivent dans la misère sur ce terrain au bord du canal de l'Ourcq.
Vers 21H00, une cinquantaine de personnes armées de couteaux et de bâtons s'en étaient prises à des Roms installés au bord d'une route nationale, selon une source policière. Des camionnettes avaient été incendiées. D'autres rixes avaient éclaté plus tard dans la soirée dans cette ville de Seine-Saint-Denis.
Des rumeurs "totalement infondées"
Mercredi, quatre jeunes, âgés de 18 à 22 ans, ont été présentés à la justice pour des faits de même nature, survenus lundi soir à Clichy-sous-Bois. Leur procès a été renvoyé au 17 avril.
Plusieurs attaques visant des Roms ont eu lieu après la multiplication sur les réseaux sociaux de messages évoquant des tentatives d'enlèvements d'enfants ou adolescents par des personnes circulant en camionnette dans des communes d'Ile-de-France, notamment dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis.
Des rumeurs "totalement infondées" ont martelé les autorités, qui ont sécurisé les 34 campements roms de Seine-Saint-Denis. Dans la nuit de mercredi à jeudi, aucune violence en lien avec ces rumeurs n'avait été recensée dans le département, a indiqué à l'AFP une source policière. "Nous restons vigilants et continuons la sécurisation", a-t-elle ajouté, soulignant que "l'inquiétude" au sein de la communauté rom restait forte.
Accusés d’avoir participé à des expédition punitives contre des Roms, 12 hommes ont été jugés en comparution immédiate. A l’inverse aucune plainte pour enlèvement de mineurs n’a été déposée.
Vos commentaires