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Enquête pour "injure publique" après des accusations d'islamophobie à Sciences Po Grenoble

Enquête pour "injure publique" après des accusations d'islamophobie à Sciences Po Grenoble
Une enquête pour "injure publique" et "dégradation" a été ouverte par le parquet de Grenoble après le collage d'affiches anonymes dans l'enceinte de Sciences Po qui accusaient nommément deux professeFranck Fife
 
 

Une enquête pour "injure publique" et "dégradation" a été ouverte par le parquet de Grenoble après le collage d'affiches anonymes dans l'enceinte de Sciences Po qui accusaient nommément deux professeurs d'islamophobie, a-t-on appris de source judiciaire.

La procédure fait suite "au signalement de la direction" de l'Institut d'études politiques (IEP), vendredi, au lendemain de l'apparition de ces affiches à l'entrée de l'établissement, précise un communiqué du procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant.

"Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue", pouvait-on lire sur ces affiches, dont les photos circulent sur les réseaux sociaux, avec le nom de deux professeurs de l'Institut.

"Traiter des gens de +fasciste+ est une injure (...). Il y a un vrai danger à ce que ces professeurs soient menacés et subissent des conséquences sous cette exposition là", a précisé à l'AFP le magistrat qui a confié l'enquête au commissariat de Grenoble.

L'ouverture de cette enquête par le parquet grenoblois survient dans un contexte houleux qui s'est installé ces dernières semaines au sein de l'IEP.

Le 27 février, l'Union syndicale Sciences Po Grenoble (US) - le premier syndicat étudiant de l'IEP - avait porté plainte pour "discrimination syndicale" (ndlr: classée sans suite depuis) contre l'un des deux professeurs visés par les affichages.

Ce dernier, dans un email à ses élèves dont l'AFP a obtenu copie, demandait aux étudiants appartenant au syndicat "de quitter immédiatement (ses) cours et de ne jamais y remettre les pieds".

L'un de ses cours, intitulé "Islam et musulmans dans la France contemporaine", avait été visé quelques jours auparavant par un appel sur Facebook de l'Union Syndicale, demandant aux étudiants de témoigner sur d'éventuels "propos problématiques" qui y auraient été tenus.

Le syndicat expliquait notamment qu'il souhaitait "retirer" cet enseignement "des maquettes pédagogiques pour l'année prochaine si lors de ce cours des propos islamophobes y étaient dispensés comme scientifiques".

C'est "un appel à la délation" avec pour conséquence "une situation de danger grave et imminent", estime aujourd'hui l'avocat du professeur du cours, Me Eric le Gulludec, interrogé par l'AFP.

De son côté, l'Union syndicale assure que son appel ne relève que "d'une habitude de sondages menés régulièrement auprès des étudiants". Interrogée par l'AFP, une porte-parole du syndicat a démenti la paternité de l'affichage sauvage ayant visé ce professeur.

L’Unef, dont la branche grenobloise a aussi relayé ces affiches sur les réseaux sociaux, a reconnu dimanche une initiative "maladroite et dangereuse" dans un communiqué, réaffirmant "son opposition à toute haine, à tout lynchage public et son attachement à la liberté d’expression".

Le deuxième professeur visé par le collage est un professeur d'allemand, qui enseigne à l'IEP depuis 25 ans. La polémique est née, selon lui, fin novembre d'un groupe de travail informel pour préparer la semaine "de l'Égalité et contre les discriminations".

"Je m'étais inscrit pour préparer une journée thématique au titre: racisme, islamophobie, antisémitisme (...). Je comptais contester dans la discussion avec ma collègue et mes étudiants cet alignement de ces trois termes dans une seule thématique", a-t-il raconté sur l'antenne de BFMTV.

Ce dernier, selon lui "exclu du groupe de travail parce que les étudiants se disaient blessés par mes paroles", a ajouté qu'il a été l'objet depuis janvier d'une campagne menée par les "plus extrémistes" d'entre-eux. Depuis il est en "congé maladie" et a engagé un avocat pour décider de la suite judiciaire à donner.


 

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