Un témoignage reçu lundi a mis les enquêteurs sur la piste d'Hasna Aitboulahcen qui a contribué malgré elle à les conduire jusqu'à la planque de son cousin, Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats de Paris, a expliqué vendredi à l'AFP une source proche de l'enquête.
Sans donner de détail, le procureur de Paris François Molins avait fait état de ce témoignage reçu lundi soir. Selon une source proche de l'enquête, il s'agit de celui d'une personne qui affirme avoir vu Hasna Aitboulahcen accompagnée de deux hommes, dont l'un pouvant correspondre à Abaaoud.
Filatures, géolocalisation et analyses bancaires
Dans les heures qui suivent s'engage un titanesque travail de police judiciaire, mené par les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (Sdat), avec filatures, géolocalisation et analyse des retraits bancaires.
Le tuyau est sérieux puisqu'Aitboulahcen est la cousine de ce Belgo-Marocain, tête d'affiche des jihadistes francophones de Syrie. Cette jeune femme de 26 ans, intégralement voilée et qui s'est radicalisée en quelques mois à peine selon son entourage, est alors placée sous surveillance.
Un logement de repli après les attentats
Mardi, les enquêteurs la voient s'entretenir avec un homme. Une discussion qui pourrait avoir eu pour objet de négocier un logement de repli à Saint-Denis, aux portes de Paris, pour Abaaoud et l'homme l'accompagnant, selon la source.
L'interlocuteur de la jeune femme pourrait en effet être Jawad Bendaoud, actuellement en garde à vue qui, juste avant son interpellation mercredi en marge de l'assaut policier contre cet appartement de Saint-Denis, a expliqué à l'AFP avoir hébergé "pour rendre service" deux personnes "qui venaient de Belgique" et "voulaient juste de l'eau et faire la prière".
Hasna Aitboulahcen récupère deux hommes
"Avec beaucoup de prudence", Aitboulahcen semble dès lors organiser la récupération de deux hommes qui semblent se cacher à Aubervilliers, également en Seine-Saint-Denis, dans une zone d'entrepôts, tout près de l'autoroute. Elle vient les chercher dans une voiture qui les amène jusqu'à un immeuble au 8, rue du Corbillon à Saint-Denis, à environ quatre kilomètres, selon la source.
C'est au troisième étage de ce petit immeuble du centre-ville, où est géolocalisé le téléphone portable d'Aitboulahcen, que l'assaut sera donné la nuit suivante à 04H20.
Un assaut très violent: trois terroristes tués
Trois personnes sont mortes dans l'appartement de Saint-Denis: Abaaoud, Aitboulahcen et un homme dont l'identité reste inconnue. Le corps d'Abaaoud, 28 ans, a été retrouvé, très abîmé par les éclats de balles et de munitions. Sa dépouille a été formellement identifiée jeudi, levant les derniers doutes sur le fait que ce jihadiste notoire est parvenu à revenir en Europe au nez et à la barbe des services antiterroristes. Cet homme est soupçonné d'être à l'origine des projets d'attentats de la cellule de Verviers démantelée en janvier, et des attaques avortées contre des églises d'Ile-de-France en avril et un Thalys en août.
Les analyses ont permis d'établir qu'Hasna Aitboulahcen a été tuée lors de l'assaut, mais elle ne s'est pas fait exploser contrairement à ce qu'ont d'abord pensé les enquêteurs. Reste à trouver qui est le troisième homme, mort en kamikaze.
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