Ce soir du 13 novembre, neuf hommes avaient mené une série d'attaques aux abords du Stade de France de Saint-Denis et dans la capitale, à des terrasses de restaurants et dans la salle de concerts du Bataclan, faisant 130 morts et plus de 350 blessés.
Après ces attaques, le gouvernement belge s'était dépêché d'adopter 18 mesures anti-terroristes. Celles-ci s'ajoutaient aux 12 mesures déjà prises après l'attentat de Charlie Hebdo. Dans les faits, ces mesures ont été appliquées pour une grande majorité: 28 des 30 mesures préconisées. On peut désormais par exemple, perquisitionner chez les suspects 24h/24, confisquer les documents d'identité de ceux qui veulent partir au combat (15 personnes sont d'ailleurs actuellement privées de leur carte).
On peut aussi plus facilement expulser les individus qui prêchent de haine. Les banques de données des services de renseignements sont réorganisées. Les radicalisés sont isolés dans des ailes spécifiques des prisons, pour réduire leur pouvoir d'embrigadement. Et puis les voyages de tous les Belges notamment par avion sont consignés dans une base de données, le PNR, depuis janvier, ce qui a permis de mettre la main sur 10 terroristes, mais aussi 34 personnes impliquées dans des rapts parentaux, ou 6 trafiquants de drogue.
Ne sont pas entrées en vigueur la proposition de créer un état d'urgence et l'idée de poser un bracelet électronique sur toutes les personnes fichées pour radicalisation.
Sur les 28 mesures antiterroristes en vigueur, quelques unes sont un peu moins ambitieuses qu'espérées. Par exemple, le délai de garde à vue. Il est passé de 24 à 48h, et non trois jours. La mesure de retrait de la nationalité pour les terroristes : évoquée pour les Belges d'origine étrangère de deuxième voire troisième génération, elle ne s'appliquera finalement qu'aux personnes naturalisées.
Cortège d'hommage à Paris
Un cortège est parti du Stade de France, au nord de Paris, où trois premiers jihadistes s'étaient fait exploser, tuant une personne et faisant des dizaines de blessés, atteints par les projectiles contenus dans leurs ceintures explosives. Le cortège a rallié peu après 9H30 les terrasses des bars et restaurants parisiens visées par les fusillades, où 39 personnes ont trouvé la mort: le Carillon et le Petit Cambodge, la Bonne Bière, le Comptoir Voltaire - où un jihadiste s'était fait exploser - et enfin, la Belle équipe. Le parcours s'est achevé à 11H00 devant le Bataclan, la salle de concerts du 11e arrondissement où 90 personnes ont été assassinées.
Une victime: "On en a pour toute la vie"
Trois ans après, le mois de novembre reste une période compliquée pour de nombreuses victimes et leurs proches. Si certains se terrent chez eux, d'autres fuient Paris et les cérémonies officielles. D'autres encore se font fort de célébrer la vie et se retrouvent dans un bar. "La reconstruction, elle n'est pas terminée, on en a pour toute la vie", confiait en octobre à l'AFP Anne, 45 ans, (prénom modifié) qui était au Bataclan avec son compagnon. "Vous ne vous en remettez jamais. C'est pas une longue maladie, même si la finalité est la même: l'absence de la personne aimée. Mais on l'a tué. C'est injuste", confie Aurore Bonnet, dont le mari Emmanuel a été tué au Bataclan.
Un procès en 2020?
Certaines victimes attendent désormais la tenue du procès, qui pourrait avoir lieu en 2020, probablement sur plusieurs mois. Malgré l'absence probable des commanditaires (tous tués en Syrie, selon une enquête du journaliste français Mathieu Suc), le box des accusés réunira des membres de la cellule qui ont participé à la préparation des attaques et l'unique membre des commandos encore en vie, Salah Abdeslam, actuellement détenu à Fleury-Mérogis. Il avait déposé les trois kamikazes du Stade de France le soir des attaques avant d'abandonner une ceinture explosive, laissant penser qu'il devait lui aussi mener une attaque-suicide.
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