"Je n'étais pas au courant que c’étaient des terroristes, moi. (…) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, Monsieur. On m’a demandé d’héberger deux personnes pendant trois jours, j’ai rendu service tout simplement. Je ne sais pas d’où ils viennent, on est au courant de rien, Monsieur. Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés ?" Ces phrases prononcées par Jawad Bendaoud, en direct sur le chaîne d'info BFMTV le jour de l'assaut donné à Saint-Denis contre un appartement que ce dernier avait prêté à plusieurs terroristes dont Abaaoud, sont devenues cultes. Elles ont fait l'objet de centaines de détournements humoristiques qui mettaient en doute l'honnêteté de l'homme de 29 ans qui avait été interpellé immédiatement après son interview. Depuis, il a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Aujourd'hui, le quotidien Le Monde a révélé des informations qui vont dans le sens de tous ces détournements, à savoir que Jawad Bendaoud n'était peut-être pas si ignorant que cela de l'identité des gens à qui il avait refilé un petit appartement sans eau courante dans un immeuble délabré de la rue du Corbillon.
Des journalistes ont pu consulter des pièces du dossier judiciaire. Voici ce qu'ils y ont vu.
Même s'il a admis avoir déjà vu le visage d'Abaaoud bien avant les attentats, sur des vidéos en prison, rien ne permet d'affirmer que Jawad Bendaoud qui logeait, avec son comparse Mohamed S. (lui aussi mis en examen), des gens de passage (migrants, proxénètes, dealers) pour 50 euros, ait reconnu l'organisateur présumé des attentats lorsqu'il a leur confié les clefs de l'appartement à lui, sa cousine Hasna Aït Boulahcen et un troisième terroriste non identifié, le mardi soir, quelques heures donc avant l'assaut des unités spéciales du RAID. Mais des SMS entre Jawad et sa compagne amènent à penser qu'il a pu faire un lien entre les gens qu'il logeait et les terroristes du vendredi 13. Lors de l'assaut du RAID à l'aube, Jawad a reçu deux messages: "Je m’en doutais putain", "Je te l’avais dit en plus, c’est chelou".
Selon Le Monde, Jawad a reconnu avoir établi le lien entre ses "locataires" et les terroristes. "J’ai douté, il y avait un truc pas clair, mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, (…) je m’en doutais, mais je voulais l’argent", aurait-il déclaré aux enquêteurs.
Vos commentaires