Combatif... et gaffeur: Joe Biden s'est gardé d'officialiser sa candidature à la Maison Blanche attendue par de nombreux électeurs démocrates, samedi dans le Delaware, mais un lapsus pourrait suggérer une annonce prochaine.
Face à un millier de militants à Dover, dans l'Etat qu'il a représenté pendant plus de trente ans au Sénat, l'ancien vice-président de Barack Obama a semblé huiler un discours de présidentiable, en reprenant en partie un texte prononcé mardi à Washington devant des pompiers.
A 76 ans, celui qui avait passé son tour en 2016 en raison du décès d'un de ses fils s'est montré combatif. Prêt à en découdre avec Donald Trump.
Mais, fidèle à sa réputation de gaffeur, il a commis un lapsus peut-être révélateur.
"On me dit que je suis critiqué par la nouvelle gauche. Je suis le plus progressiste de tous ceux qui sont candidats à la présidence", a-t-il lancé avant de rectifier: "de tous ceux qui seraient candidats".
L'auditoire a bien noté, certains spectateurs entonnant: "Vas-y Joe, vas-y!"
"Je ne l'ai pas fait exprès", a-t-il répliqué en souriant, avant de reprendre son sérieux.
Il faut, selon lui, restaurer la "colonne vertébrale" de l'Amérique, qui a besoin de retrouver un "consensus" pour dépasser des divisions créées par le locataire de la Maison blanche.
"Notre politique est devenue si méchante, si mesquine, si mauvaise qu'on ne peut plus se gouverner nous-mêmes, et dans de nombreux cas même se parler", a-t-il dit.
Avare de détails sur son possible programme, il est resté sur des grands principes, comme la nécessité de soutenir les classes moyennes qui ont "construit" l'Amérique et le besoin "d'honnêteté", de "décence" et de "respect".
Il a qualifié cette présidentielle à venir de plus importante depuis un siècle car "l'enjeu est tellement grand".
Spontanéité
"Nous savons qui il est, nous devons savoir clairement qui nous sommes", a lancé l'ancien sénateur, en référence à M. Trump, saluant un parti démocrate qui "a choisi la vérité plutôt que les mensonges, l'unité plutôt que la division".
"Allez-y les gars!", a-t-il lancé en concluant, sous les vivats.
Joe Biden est depuis longtemps pressenti comme candidat, mais le terrain est déjà bien occupé, avec pas moins de quinze prétendants.
Grâce à sa notoriété, sa spontanéité, son sens du contact et une position centriste face à des adversaires résolument plus à gauche, il caracole en tête des sondages.
Selon Sherrena Williams, une enseignante à la retraite qui assistait au discours, Joe Biden peut réunir au-delà des électeurs démocrates, "et aussi les indépendants".
Jeffrey Sytsma-Sherman, qui travaille dans les services sociaux de l'Etat du Delaware, pense qu'il peut ramener l'électorat ouvrier blanc du Midwest dans l'escarcelle démocrate. La grande région centrale, mi-agricole, mi-industrielle, s'était détournée d'Hillary Clinton en 2016, jugée trop proche des classes aisées.
"Il ne va pas seulement gagner le MidWest, mais aussi la +Rust Belt+", renchérit Stéphanie Thompson. Cette région du nord-est du pays, où étaient implantées les industries lourdes aujourd'hui en déclin, avait voté pour Donald Trump.
Autre qualité, il est populaire chez les électeurs noirs, dont la mobilisation pourrait s'avérer décisive en 2020.
"Je veux vous dire, son heure est arrivée!", assure à l'AFP Mme Thompson, une Afro-Américaine. Cette cadre financière de 48 ans n'a "pas d'inquiétude" concernant l'âge de M. Bide, face à plusieurs candidats incarnant une nouvelle génération.
Le dernier en date à s'être dévoilé, Beto O'Rourke, fait figure de jeune premier à 46 ans, et a lancé sa campagne... en participant samedi à une course de fond.
Cette question rebute toutefois certains spectateurs, qui militent pour un rajeunissement.
"Il est temps que ces jeunes nouveaux démocrates prennent un rôle dirigeant", dit Marc Clymer, banquier à Newark (Delaware), en admettant que Joe Biden serait "le plus efficace contre Donald Trump".
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