La cour d'appel de Besançon a rejeté mardi une nouvelle demande de mise en liberté de Jonathann Daval, suspect numéro un du meurtre de son épouse Alexia, qui a fait face pour la première fois depuis sa mise en examen aux parties civiles.
Jonathann Daval, incarcéré depuis janvier à la maison d'arrêt de Dijon, avait interjeté appel du rejet par le juge des libertés et de la détention, le 11 octobre, d'une première demande de mise en liberté. La décision de la cour d'appel "nous conforte et nous réconforte après les volte-face indécentes du mis en examen", qui est revenu fin juin sur ses aveux pour accuser son beau-frère Grégory Gay du meurtre, a réagi auprès de l'AFP Me Gilles-Jean Portejoie, conseil de ce dernier.
Précisant ne pas encore disposer des motivations de la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel, Me Randall Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, a estimé devant la presse que l'on pouvait "raisonnablement penser que deux arguments ont prévalu".
Il s'est exprimé par visioconférence
Le premier, a-t-il dit, est "la sécurité de Jonathann (...) difficile à assurer" hors de la maison d'arrêt de Dijon, et le second "l'émoi" provoqué par cette affaire dans l'opinion publique. A l'audience qui s'est tenue mardi matin à huis clos, l'avocat général avait requis le maintien en détention de l'informaticien de 34 ans, tandis que Me Schwerdorffer avait plaidé en faveur de son "assignation à résidence".
Jonnathan Daval s'est exprimé par visioconférence depuis la maison d'arrêt de Dijon, apparaissant sur un grand écran disposé au-dessus des magistrats, assis devant un bureau de bois clair, les mains jointes, le visage fermé et émacié. Il "n'a pas été extrait de sa prison pour des raisons de sécurité", a expliqué Me Schwerdorffer, trouvant son client "très stressé, extrêmement angoissé, très tendu".
Sur les bancs des parties civiles avaient pris place les parents d'Alexia, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, ainsi que sa soeur et son beau-frère, Stéphanie et Grégory Gay. Selon Stéphanie Gay, Jonathann Daval est apparu "impassible, sans réactions". Il "n'avait pas l'air aussi mal en point que ce que ses avocats le laissaient entendre", même s'il est "un peu" amaigri, a observé son mari.
"On veut qu'il reste en prison"
Toujours selon les parties civiles, Jonathann Daval n'a "absolument rien dit" à l'appui de sa demande de mise en liberté et n'a pas eu "un mot" pour la famille au cours d'une audience d'une heure et quart.
"On veut qu'il reste en prison", a déclaré la mère d'Alexia, se disant "déçue" que l'informaticien de 34 ans n'ait "pas eu un mot" pour la famille en ce jour anniversaire de la découverte du corps d'Alexia. Selon Me Schwerdorffer, Jonathann Daval, qui "s'est très peu exprimé", s'est dit "absolument désolé" de cette coïncidence du calendrier.
Sa demande de mise en liberté était la conséquence de la nouvelle version des faits qu'il avait avancée lors de son audition par le juge d'instruction, le 27 juin. Après avoir avoué le meurtre en garde à vue, fin janvier, il était revenu sur ses aveux pour accuser Grégory Gay d'en avoir été l'auteur, invoquant un "pacte secret" conclu par la famille pour dissimuler les faits.
Des éléments accablants
Ces accusations sont "une provocation", a réagi Grégory Gay à sa sortie de l'audience mardi, rejetant cette version comme tous les autres membres de la famille. Jonathann Daval avait signalé la "disparition" de son épouse Alexia, censée ne pas être rentrée d'un jogging, le 28 octobre 2017. Deux jours plus tard, le corps partiellement calciné de la jeune femme avait été retrouvé dans un bois, non loin de Gray-la-Ville (Haute-Saône), où résidait le jeune couple.
L'autopsie avait révélé qu'elle avait été victime de violences, de coups et avait été étranglée.
Pendant trois mois, Jonathann Daval s'était présenté en veuf éploré avant que les enquêteurs ne l'arrêtent, estimant avoir réuni des "éléments accablants" à son encontre.
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