La France ne comptait lundi soir plus aucun malade infecté par le coronavirus mais reste vigilante pour éviter des contaminations venues d'Italie, pays frontalier qui est le plus touché d'Europe.
"Ce soir, il n'y a plus aucun malade hospitalisé en France, le dernier hospitalisé à Lyon est guéri, il n'est plus contagieux et a pu rentrer chez lui", a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de la conférence de presse quotidienne au ministère.
Ce dernier patient est l'un des six Britanniques (dont un enfant) contaminés par un compatriote de retour de Singapour, qu'ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) fin janvier. "Il n'y a pas de malade identifié" ni de "circulation du virus ce soir sur le territoire national", a poursuivi M. Véran.
Jusqu'à présent, douze cas d'infection au nouveau coronavirus ont été avérés en France depuis fin janvier. Cela s'est soldé par onze guérisons et un décès, celui d'un touriste chinois de 80 ans qui est mort le 14 février. La stratégie des autorités pour empêcher la propagation du virus est toutefois "adaptable et révisable à tout moment", a précisé M. Véran.
Dans le cadre de cette stratégie, la France a émis des recommandations pour les personnes de retour de Lombardie et de Vénétie, les régions d'Italie du Nord concernées par le nouveau virus. Ces recommandations ont été alignées sur celles déjà en vigueur pour la Chine (Chine continentale, Hong Kong, Macao), berceau de l'épidémie. Elles portent sur les 14 jours suivant le retour (durée jugée suffisante pour couvrir la période d'incubation du virus), et concernent également Singapour et la Corée du Sud.
La plus marquante de ces recommandations concerne les enfants. S'ils reviennent de ces endroits, ils "ne doivent pas être envoyés à la crèche, à l'école, au collège ou au lycée", selon le texte mis en ligne sur le site du gouvernement (gouvernement.fr). Actuellement, deux des trois zones scolaires sont en vacances et la troisième (académies de Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse, Versailles) a repris les cours lundi.
Ces recommandations visant les enfants ont été prises "pour des raisons toutes simples de pratique" car il est "très difficiles de faire appliquer par un enfant" les consignes destinées aux adultes, a expliqué le N.2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon. "Demander à un enfant de ne pas être en contact avec un de ses camarades fragiles, de garder son masque ou de se laver les mains régulièrement est très compliqué", a-t-il dit.
Pour autant, "il n'y a pas de forme grave ni de décès rapporté dans le monde chez les moins de 15 ans", a-t-il rassuré, en soulignant que "la gravité augmente avec l'âge et en présence de pathologies chroniques".
Frontières
De leur côté, les adultes de retour des endroits concernés doivent éviter "toute sortie non indispensable (grands rassemblements, restaurants, cinéma...)", selon les recommandations. Il leur est demandé "dans la mesure du possible", de privilégier "le télétravail" et d'éviter "les contacts proches (réunions, ascenseurs, cantine...)".
Ces personnes doivent prendre leur température deux fois par jour, surveiller "l'apparition de symptômes d'infection respiratoire (toux, difficultés à respirer...)" et porter un masque chirurgical lorsqu'elles sont en face d'une autre personne et lorsqu'elles doivent sortir.
En cas de symptômes, elles doivent contacter le 15 (Samu) et ne surtout pas se rendre chez leur médecin traitant ou aux urgences, "pour éviter toute potentielle contamination".
L'Italie, passée de six à 219 cas en quatre jours et qui compte cinq morts, est le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Chine et la Corée du Sud. C'est aussi le premier pays d'Europe à avoir mis en place un cordon sanitaire autour d'une dizaine de villes du Nord. Cela a conduit des responsables politiques français de droite et d'extrême droite à réclamer des contrôles aux frontières avec l'Italie. Mais la Commission européenne a rappelé que cette éventualité à l'intérieur de l'UE devait répondre à des conditions strictes.
De plus, les mesures de précaution ne concernent pas toute l'Italie, mais seulement la Lombardie et la Vénétie: "Si vous rentrez de Rome, il n'y a aucune recommandation particulière", a insisté M. Véran. Par ailleurs, M. Salomon a indiqué qu'il n'y avait "aucune raison d'annuler" le match de foot qui opposera mercredi l'Olympique lyonnais à la Juventus Turin en Ligue des champions.
Enfin, un bus parti d'Italie a été bloqué lundi à Lyon en raison d'une suspicion de coronavirus à bord, finalement non fondée.
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