Sous souveraineté française depuis le XIXe siècle, la Nouvelle-Calédonie, petit territoire stratégique du Pacifique, vote dimanche par référendum sur son indépendance, pour la deuxième fois en deux ans.
Cet archipel de 270.000 habitants, français depuis 1853, qui dispose d'importantes réserves de nickel représente l'un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone. La question posée aux électeurs dimanche est simple: "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?".
Le 4 novembre 2018, un premier scrutin a vu les partisans du maintien d'une Nouvelle-Calédonie française l'emporter par 56,7% des voix. Mais l'écart de voix, plus faible que ne l'avaient prédit les sondages, avec une participation exceptionnelle (80,63%), a été une véritable surprise et a conforté les indépendantistes, tandis que les loyalistes, bien que victorieux, ont eu le sentiment d'un demi-échec.
Décolonisation progressive
Après les violences meurtrières entre "caldoches" d'origine européenne et indépendantistes kanak, qui avaient culminé avec la sanglante prise d'otages de la grotte d'Ouvéa (1988), la Nouvelle-Calédonie est engagée dans un processus de décolonisation négocié et progressif, inédit dans l'histoire française. Aucun sondage n'a été réalisé pour ce référendum et les observateurs jugent une victoire du "oui" peu probable, mais estiment que l'écart entre les deux camps va se resserrer.
Le scrutin de dimanche se déroulera en tout cas sans mesures barrières, dans l'un des seuls territoires français exempt de Covid-19. Mais si la situation sanitaire est rassurante, le climat politique est lui électrique. "Il y a deux ans, il y avait un consensus sur tous les sujets, aujourd'hui l'atmosphère politique est délétère, il n'y a plus aucun dialogue", déplore le député non indépendantiste Philippe Dunoyer. Les semaines précédant le scrutin ont été jalonnées de diverses polémiques notamment sur l'élaboration du corps électoral, la date du référendum, ou l'usage autorisé par l'Etat du drapeau français pour la campagne officielle.
"Le pays est assez mature pour se prendre en charge"
Si le "oui" l'emporte, l'archipel deviendra un Etat souverain à qui la France transfèrera, à l'issue d'une période de transition, les compétences régaliennes (sécurité, justice, monnaie, etc), et qui pourra avoir sa propre nationalité. Les transferts financiers de l'Etat français (1,5 milliard d'euros par an) deviendront "caducs". Les indépendantistes l'assurent toutefois: le "oui" à l'indépendance "n'est pas un vote contre la France".
Ils tentent de rassurer face aux interrogations concernant la future monnaie, la nationalité ou la propriété privée en cas d'indépendance. "Le pays est assez mature pour se prendre en charge totalement", a répondu Charles Washetine, porte-parole du Palika, un parti pro-indépendance. En face le front loyaliste, qui regroupe six partis, plutôt étiquetés à droite, met en avant la protection de la France et son soutien financier. "On ne peut pas vivre sans l'argent de la France", a affirmé Gil Brial, directeur de campagne de cette coalition à la télévision locale.
Un troisième et dernier scrutin peut encore avoir lieu d'ici à 2022 si le non l'emporte le 4 octobre.
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