Des fouilles ont repris mardi matin sur un terrain ayant appartenu au tueur en série Michel Fourniret à Floing (Ardennes), près de Sedan, alors que les corps d'au moins deux de ses victimes n'ont jamais été retrouvés, a constaté une journaliste de l'AFP.
Par un temps froid et gris, une poignée de journalistes étaient regroupés à environ 200 m de ce lopin de terre ayant appartenu de 1964 à 1999 à "l'Ogre des Ardennes", et entendaient le bruit d'une pelleteuse. Michel Fourniret a lui-même vécu dans une grange aménagée à quelques dizaines de mètres de là, sur la vaste propriété du "Clos de la Joncquière", qu'il a ensuite vendue en plusieurs parcelles, tout comme la grange qu'il occupait. Niché entre ces parcelles, ce jardin a cependant été sanctuarisé par Fourniret: les acheteurs en ont certes obtenu la copropriété, mais avec interdiction d'y toucher, une volonté respectée par les nouveaux propriétaires. Et contrairement à la maison, il n'a jamais été fouillé.
Au moins un corps recherché
"Ce lieu a été sanctuarisé par Michel Fourniret, il ne voulait pas y construire de maison ni qu'on y touche. Il voulait en faire un jardin d'enfants, cela interroge", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. "Il y au moins un corps recherché, celui de Marie-Angèle Domece, mais cette fouille est susceptible de concerner d'autres affaires", a commenté cette source en évoquant aussi le corps introuvable de Farida Hammiche et l'affaire de la disparition d'Estelle Mouzin.
Agé de 76 ans, Michel Fourniret a été condamné en 2008 à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol. Le 16 novembre, il a été à nouveau condamné à la perpétuité pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche. Marie-Angèle Domece, handicapée mentale, avait pour sa part disparu en juillet 1988 dans l'Yonne, à 19 ans.
En mars, Michel Fourniret a aussi lui-même relancé les spéculations sur sa possible implication dans la disparition d'Estelle Mouzin en 2003, à l'âge de neuf ans à Guermantes (Seine-et-Marne), en livrant devant une juge d'instruction ce qu'une avocate de la famille Mouzin qualifie d'"aveux en creux".
"On se demande tous pourquoi ça n'avait pas été fait avant"
Corinne Herrmann, avocate de la famille Parrish et Domece avec Didier Seban, juge aussi pertinente ces recherches. "Nous étions inquiets de voir que ce lieu n'avait pas encore été fouillé. (...) Si on ne trouve pas de restes, on peut néanmoins tomber sur des indices d'autre nature", a-t-elle dit. Cette fouille intervient alors que l'enquête sur le volet Parrish et Domece arrive dans sa phase finale, la juge ayant annoncé en mai aux parties civiles que le procès du couple pourrait se tenir en 2019 ou 2020.
Les recherches ont débuté lundi matin et pourraient durer jusqu'à mardi, voire mercredi, selon la gendarmerie. La maire de la commune, Dominique Meurie, s'est elle aussi interrogée sur ces fouilles qu'elle juge tardives. "Étant moi-même du village, on se demande tous pourquoi ça n'avait pas été fait avant. Tout le monde savait qu'il avait une propriété là, qu'il l'avait vendu et demandé aux acquéreurs de ne rien toucher. Il se peut qu'il n'y ait rien du tout mais c'est à explorer...", a-t-elle dit à l'AFP.
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