Le préfet du Var a saisi l'IGPN (inspection générale de la police nationale) après la diffusion d'une vidéo montrant un officier de police frappant plusieurs personnes lors d'une manifestation de "gilets jaunes" samedi à Toulon, a-t-il annoncé dans un tweet.
"Dans le cadre de mes responsabilités administratives, j'ai saisi l'IGPN afin qu'une enquête permette de faire toute la lumière sur les suspicions de violences policières à #Toulon", a tweeté dimanche soir Jean-Luc Videlaine, préfet du Var.
Le policier filmé, Didier Andrieux, commandant divisionnaire, responsable par intérim des 400 policiers en tenue de Toulon, fait partie de la promotion à la Légion d'honneur du 1er janvier 2019.
Sur la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on le voit donnant plusieurs coups de poing au visage d'un homme plaqué contre un mur, avant que d'autres fonctionnaires ne s'interposent, puis frapper, de nouveau à coups de poings, un "gilet jaune" qu'il retient sur le capot d'une voiture.
Il y avait un contexte insurrectionnel avant et après ces vidéos
"Il y avait un contexte insurrectionnel avant et après ces vidéos, dans lequel il était impossible d'interpeller quelqu'un sans violence, et il a agi proportionnellement à la menace", a indiqué à l'AFP Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon, qui n'a pas ouvert de procédure contre le fonctionnaire.
L'homme frappé, qui ne porte pas de gilet jaune, était en possession d'un tesson de bouteille selon le procureur et M. Andrieux "a voulu le neutraliser". "Nous avons pu établir que cet homme faisait partie d'un groupe d'une cinquantaine de casseurs qui avaient dégradé des voitures dans les minutes avant la vidéo", a ajouté M. Marchal.
Dans une interview à Nice Matin, M. Andrieux explique avoir d'abord envoyé un coup sur la main de l'homme, "pour lui faire lâcher le tesson". Puis, "je lui donne deux autres coups, car je ne sais pas s'il a lâché le tesson".
Le jeune homme frappé: un multirécidiviste, connu pour des faits d'outrage et de viol
Le policier assure connaître cet homme, "qui est un multirécidiviste et qui n'a rien à voir avec les gilets jaunes". L'homme est en effet connu de la justice depuis une dizaine d'années selon le procureur, notamment pour des faits d'outrage et de viol. Il a été arrêté, placé en garde à vue, et comparaîtra lundi à Toulon.
Le gilet jaune frappé? Il aurait tenté de saisir une bouteille juste avant
Dans une seconde séquence de la vidéo, on voit M. Andrieux frapper un "gilet jaune" contre le capot d'une voiture. Selon le procureur, "là encore le contexte nuance fortement les images". Le "gilet jaune" frappé par le policier était masqué quelques minutes avant et venait de tenter de s'emparer d'une bouteille. M. Andrieux assure qu'il s'agit "de l'interpellation d'un homme qui se rebellait". Ce dernier a lui aussi été arrêté et placé en garde à vue. Un deuxième individu masqué, son frère, a pu échapper aux policiers selon le procureur.
M. Andrieux a participé à toutes les opérations de sécurisation des manifestations de "gilets jaunes" à Toulon et est bien connu des manifestants, selon le procureur, qui ajoute que "certains s'en sont pris violemment à lui samedi".
Sept personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue suite à ces débordements samedi.
Une autre vidéo circule depuis samedi sur les réseaux sociaux, montrant un ancien boxeur professionnel identifié par la police frappant à mains nues un gendarme tombé à terre lors de la manifestation parisienne des "gilets jaunes".
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