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Nutri-Score: visé par un classement défavorable, le Roquefort demande à être exempté

Nutri-Score: visé par un classement défavorable, le Roquefort demande à être exempté
Des fromages en phase d'affinage à Roquefort-sur-Soulzon, dans l'Aveyron, le 16 mai 2013Pascal PAVANI
 
 

Le Roquefort, visé par un classement Nutri-Score défavorable, dénonce une "approche punitive" et réclame une exemption pour le célèbre fromage de brebis de l'Aveyron, au nom de la tradition et du respect d'un patrimoine gastronomique.

Le Nutri-Score, système d’étiquetage facultatif, mis en place à l'initiative du gouvernement français en 2016, est basé sur cinq lettres (A,B,C,D,E) et un code couleurs, du vert au rouge, selon la qualité nutritionnelle de l'aliment.

Le Nutri-Score de 90% des fromages, dont le Roquefort, est de D et E.

"C’est paradoxal. Des produits industriels ultra transformés avec des conservateurs peuvent avoir A ou B, alors que nos produits de terroir très naturels sont stigmatisés", pointe Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération générale de Roquefort, soutenu par nombre d'élus d'Aveyron et d'Occitanie.

"Les pouvoirs publics envisagent de rendre le Nutri-Score obligatoire à partir de 2022, c’est pour cela qu’on se mobilise. On ressent un sentiment d'injustice, nous sommes les héritiers de recettes ancestrales, avec un cahier des charges garant de qualité", explique M. Vignette.

Le patron de l'interprofession Roquefort voit dans le Nutri-Score un "logo simpliste". "On vit une drôle d’époque où la complexité, la nuance ont rarement leur place, estime-t-il. L’équilibre alimentaire, l’histoire de nos produits, c’est pas ça".

"Entre A et E, si je ne connais pas, je vais naturellement vers le A. Pour le Roquefort, ça n'a pas de sens. Le cahier des charges c'est déjà un acte de responsabilité vis-à-vis du consommateur. Le mieux est l'ennemi du bien", estime le député LREM de l'Aveyron, Stéphane Mazars.

"La volonté de transparence due au consommateur doit être rationnelle et de bon sens", ajoute le parlementaire.

La mobilisation engagée par l'AOP, qui commercialise 7.000 tonnes de Roquefort par an, dont 25% à l’export, n'est pas isolée. La grogne exprimée en Aveyron est partagée par de nombreux producteurs de fromage en France.

M. Vignette met en avant qu'il n’y a pas de "problème de surconsommation de fromage en France" et que Santé Publique France ne devrait pas mettre à l'index "le Roquefort et les autres fromages de qualité AOP".

"On n’est pas dans un combat contre le Nutri-Score, insiste-t-il, s’il est réservé aux produits industriels pré-transformés. Il est louable d’informer le citoyen. On combat l’application aux produits AOP".

Largement plébiscité par les distributeurs et industriels, dans un contexte de demande d’information croissante du consommateur, le Nutri-Score est également adopté en Belgique, Espagne ou Allemagne, et il est recommandée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé).


 

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