Les quatre policiers qui font l'objet d'une enquête de la police des polices après les images de passage à tabac d'un producteur de musique à Paris sont entendus ce vendredi sous le régime de la garde à vue.
Trois des quatre policiers placés en garde à vue sont entendus pour "violences volontaires, en réunion, avec arme et à caractère raciste", a-t-on appris auprès du parquet de Paris. Les trois fonctionnaires de police sont aussi entendus dans les locaux de l'IGPN, "la police des polices" pour "faux en écriture publique, violation de domicile par personne dépositaire de l'autorité publique et dégradations volontaires de bien privé", selon le parquet. Le quatrième policier est en garde à vue pour "violences volontaires, avec arme et en réunion ainsi que du chef de dégradations volontaires par moyen dangereux", par personne dépositaire de l'autorité publique, a détaillé le parquet.
Ces agents de police ont été suspendus jeudi de leurs fonctions après le tabassage d'un producteur de musique, documenté par une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, en pleine polémique en France sur le droit de filmer les forces de l'ordre en opération et l'évacuation musclée d'un camp de migrants.
Une vidéo publiée jeudi par le site Loopsider, et largement diffusée sur les réseaux sociaux (plus de 10 millions de vues), montre un homme noir, Michel Zecler, roué de coups par des fonctionnaires de police dans l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de la capitale.
Les faits se sont déroulés le samedi 21 novembre. Michel Zecler a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion". Mais le parquet de Paris a classé cette enquête et ouvert mardi une nouvelle procédure pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique" et "faux en écriture publique", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.
Beaucoup de sang coulait sur son visage
"On m'a dit 'sale nègre' plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Je voudrais juste que le travail (de l'IGPN, ndlr) soit fait", a-t-il dit au sortir de sa déposition. "Je n'ai aucun doute là-dessus", a-t-il ajouté.
Un des artistes présents au moment des faits, s'est exprimé. "C'est sa tête qui m'a le plus choqué. Il avait vraiment beaucoup de sang qui coulait sur son visage. Il était ouvert de partout, il n'avait plus de chaussures", a raconté un des artistes qui travaillent avec le producteur de musique.
"Ces policiers ont sali l'uniforme de la République"
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a indiqué jeudi soir qu'il demanderait "la révocation" des policiers mis en cause, "dès que les faits seront établis par la justice". Il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".
Le président français Emmanuel Macron a été "très choqué" par la vidéo, a indiqué vendredi la présidence, première réaction officielle du chef de l'État sur cette affaire. Il a reçu jeudi son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et lui a demandé de prononcer des sanctions très claires contre les policiers, a-t-on par ailleurs appris de source gouvernementale.
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