Une photo de l'AFP diffusée ce samedi a semé la confusion et a été sujette à de multiples interprétations erronées. Sur cette image, un policier a été capturé derrière une boule de flammes lors de la manifestation contre la loi Sécurité Globale à Paris. Le cliché laisse croire que le policier est en feu, mais selon l'autrice, il a été pris au cours d'une scène "extrêmement furtive". Explications.
L'image est extrêmement frappante, mais elle ne montre pas tout à fait ce que certains ont cru voir. Sur une photo prise par l'AFP samedi après-midi lors de la manifestation contre la proposition de loi sécurité globale à Paris, un policier semble être pris dans une boule de flammes.
Des "membres des brigades de répression de l'action violente" (BRAV) sont repliés contre un mur sur un trottoir et "encerclés par un feu", comme l'indiquait précisément la légende qui l'accompagnait lors de son envoi aux clients de l'agence. L'un des policiers a la moitié de son corps caché par une boule de flammes, à travers laquelle on distingue son bouclier. La photo a été prise sur l'avenue Gambetta à Paris, où se sont déroulées des violences lors de la mobilisation de ce samedi après-midi.
Le policier n'était pas en feu, la scène n'a duré que quelques secondes
"Il n'est pas en feu, il a reçu un projectile qui s'est enflammé, dont il s'est protégé", se remémore la photographe de l'AFP Anne-Christine Poujoulat, qui a pris la photo.
"Cela a été extrêmement furtif. J'ai eu l'impression qu'il y avait quelque-chose qui arrivait des airs au niveau de leurs jambes (des policiers), c'est pour cela que j'ai pris la photo. J'ai vu des flammes très furtivement, je ne pensais même pas les avoir à l'image", ajoute la photographe.
Une vidéo publiée sur Twitter par le journaliste indépendant Clément Lanot illustre la même scène sous un autre angle: on y voit un projectile exploser devant les forces de l'ordre, les flammes apparaissant brièvement à l'image.
On n'aurait pas dû diffuser sur twitter cette photo sans sa légende
Peu après 16H00, l'AFP a envoyé une alerte sur les "sérieux incidents" constatés par ses journalistes sur place: voitures incendiées, vitrines endommagées par des casseurs... Dans la foulée, la cellule "réseaux sociaux" de l'agence a tweeté cette alerte, l'illustrant de trois photos, dont le cliché controversé, ce qui peut donner l'impression que le policier est la proie de flammes.
Des internautes ont alors accusé l'AFP de minimiser la portée des "incidents" ou au contraire de chercher à manipuler l'opinion. D'autres encore, comme le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), se sont indignés de voir un "policier en feu". "On n'aurait pas dû diffuser sur twitter cette photo sans sa légende", sans "la contextualiser davantage", regrette le rédacteur en chef de l'AFP, Grégoire Lemarchand, récusant toute volonté de "manipulation".
"Quand on fait une erreur (factuelle), on fait une correction, mais là il n'y en avait pas", note-t-il toutefois, l'AFP n'ayant pas écrit que ce policier était la proie de flammes.
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