Une décision politique fait des vagues en France. Les communes de Cannes et Villeneuve-Loubet ont décidé d'interdire le port du burkini sur leurs plages. Hier, la justice leur a donné raison. Plusieurs associations accusent les maires de créer inutilement des tensions.
Aux yeux de certains élus du Sud de la France, le burkini serait devenu le symbole de l’extrémisme islamiste. Ce maillot de bain porté par certaines femmes musulmanes couvre tout le corps, à l’exception du visage, des mains et des pieds.
Le port du voile intégral dans l'espace public - jugé ostentatoire - est interdit en France, où vit la première communauté musulmane d'Europe, mais rien n'y proscrit le port de signes ou de vêtements religieux. Le 28 juillet dernier, le maire de Cannes a pourtant décidé de l’interdire sur ses plages par un arrêté municipal. Selon David Lisnard, étant donné le contexte, le burkini serait de nature a créé des risques de troubles à l’ordre public.
Des plagistes choqués
Une mesure que certains plagistes trouvent toutefois choquantes. "Là, on a les trois quarts des femmes qui sont les seins à l’air, cela ne dérange personne alors cela ne devrait pas les déranger non plus que les femmes aient l’envie de se couvrir tout simplement", estime une jeune femme. "Je trouve que cela doit surtout être lié au contexte actuel", pense un homme assis sur la plage.
Un mois après les attentats de Nice, l’idée semble faire des émules. A 15km de là, le maire de Villeneuve-Loubet, une autre commune des Alpes-Maritimes, a pris la même mesure. "Je pense que la République n’a pas à accepter ce genre d’accoutrements et de faire de la provocation sur des lieux où il est réglementé effectivement que l’on se baigne ne maillot de bain", explique Lionel Luca.
Le Collectif contre l’islamophobie saisit la justice
Le Collectif contre l’islamophobie en France, qui a exprimé sa "profonde préoccupation", a saisi la justice en référé-liberté pour faire annuler l’arrêté municipal de Cannes. Mais le tribunal a validé la décision du maire. Dans son ordonnance, le juge des référés indique que "dans le contexte d'état d'urgence et des récents attentats islamistes survenus notamment à Nice il y a un mois (...) le port d'une tenue vestimentaire distinctive, autre que celle d'une tenue habituelle de bain, peut en effet être interprétée comme n'étant pas, dans ce contexte, qu'un simple signe de religiosité".
Le Collectif contre l’islamophobie envisage dorénavant de saisir le Conseil d’Etat. Une telle décision procède d'une "stratégie de la tension", avait pour sa part accusé l'association SOS racisme.
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