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"Faire beaucoup avec peu": Barnier veut d'abord "redresser" les finances du pays

 

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Imperturbable malgré le chahut des députés, Michel Barnier a exposé ses priorités mardi largement tournées vers la réduction de la dette "colossale" du pays, en s'adressant autant à sa fragile coalition qu'aux adversaires qui menacent de le faire tomber.

Dans un discours de près d'une heure trente, le Premier ministre, issu des Républicains, a également abordé la politique migratoire "que nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante".

En prônant notamment la "prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière". Et sans s'interdire de restreindre l'octroi des visas aux pays rechignant à reprendre leurs ressortissants.

Après une minute de silence en hommage à Philippine, l'étudiante tuée à Paris, l'hémicycle a rapidement retrouvé ses habitudes bruyantes et dissipées.

Les députés de La France insoumise ont brandi leurs cartes d'électeur en signe de protestation contre la nomination de ce Premier ministre de 73 ans - solution concoctée par Emmanuel Macron après la dissolution, alors que le bloc de gauche est arrivé en tête des élections législatives.

Diction lente, impassible face aux tentatives d'interruption, citant Charles De Gaulle, Pierre Mendès France, Michel Rocard et Edouard Philippe, le montagnard Michel Barnier s'est dit "prêt à gravir un à un les obstacles" car "nous sommes collectivement sur une ligne de crête", avec "l'épée de Damoclès" d'une "dette financière colossale" et d'une dette écologique.

- "Effort" -

Il a exposé ses "cinq chantiers prioritaires": le pouvoir d'achat, les services publics - école et santé en tête -, la sécurité, l'immigration et la "fraternité".

Premier engagement: ramener le déficit à 5% du PIB en 2025 puis sous les 3% en 2029, alors qu'il devrait atteindre 6% cette année.

Avec d'abord une réduction des dépenses qui, en 2025, représentera les "deux tiers de l'effort de redressement", a précisé M. Barnier.

Deuxième "remède": "l'efficacité des dépenses" en faisant "la chasse aux doublons".

Le troisième remède sera le plus douloureux: le levier fiscal. Avec "un effort limité dans le temps" qui devra être partagé, par les plus grandes entreprises et les Français "les plus fortunés".

Le Premier ministre aura fort à faire: au nom des députés macronistes, Gabriel Attal a prévenu qu'il ferait "le choix des économies" plutôt que celui "des impôts".

"Il faut commencer par faire des économies" et "mettre fin aux +quoi qu'il en coûte+", a aussi lancé le chef de file des LR Laurent Wauquiez, attaquant le bilan des précédents ministres macronistes, également partenaires de la coalition de Michel Barnier.

- "Courtoisie" -

Privé de majorité, le chef du gouvernement n'a pas sollicité de vote de confiance.

La gauche a toutefois promis de déposer dès cette semaine une motion de censure, que le RN a dit ne pas vouloir voter d'emblée.

La cheffe de file des députés d'extrême droite Marine Le Pen a salué le "sens de la courtoisie" de Michel Barnier et apprécié qu'il se dise "ouvert" à une réflexion "sans idéologie" sur la proportionnelle, réclamée par les alliés centristes du MoDem comme par le RN.

Mais elle a exigé une nouvelle loi immigration reprenant les mesures censurées par le Conseil constitutionnel dans le précédent texte, plaçant cette demande dans les "lignes rouges" susceptibles de motiver une censure.

A gauche, le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a fustigé un "usurpateur de la légitimité électorale" qui "plaide pour le compromis par la combine et se glorifie d'appliquer les lois qu'il a combattues". "Ce n'est pas un programme d'action mais un compte à rebours avant liquidation."

- "Lignes rouges" -

Après avoir ironisé sur les "lignes rouges, parfois très rouges" des différents partis, le Premier ministre a fixé les siennes: "Aucune tolérance" du racisme, de l'antisémitisme, des violences faites au femmes, du communautarisme, "aucun accommodement sur la laïcité" et aucune remise en cause sur l'IVG, le mariage pour tous et la PMA.

Il a également mentionné, comme lors de son arrivée à Matignon, la "dette écologique", confirmant la poursuite du développement du nucléaire, "mais aussi des énergies renouvelables".

Sous les cris d'"abrogation, abrogation" de la gauche visant la réforme des retraites, il s'est dit ouvert à des "aménagements possibles" avec les partenaires sociaux, à qui il a redonné également la main sur l'assurance chômage.

Revalorisation du Smic de 2% "dès le 1er novembre", reprise du projet de loi agricole interrompu par la dissolution, "nouveau livret d'épargne dédié à l'industrie", report du scrutin provincial en Nouvelle-Calédonie, reprise du débat sur la fin de vie... le chef du gouvernement a balayé large dans cette figure imposée de la démocratie parlementaire.

En fin de débat, il a remercié les groupes politiques - y compris ses partenaires - pour leur "vigilance", et dit qu'il serait notamment "très attentif" aux "propositions d'économies supplémentaires" de Gabriel Attal. A l'adresse de Marine Le Pen, il a affirmé qu'il n'apporterait pas des réponses "idéologiques" mais "pratiques".

Le chef du gouvernement a, enfin, évoqué le respect de l'Etat de droit, "indissociable" de la "fermeté de la politique pénale". Son ministre de l'Intérieur conservateur Bruno Retailleau avait suscité de nombreuses critiques pour avoir jugé qu'il n'était "pas intangible, ni sacré".

are-far-lum-bpa/sde/liu


 

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